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Le très saint Nom de Marie

Aujourd’hui, frères bien-aimés, vous avez entendu un Ange traiter avec une femme de la réhabilitation de l’homme. Vous avez entendu qu’il s’agissait de ramener l’homme à la vie, par le même chemin qui l’avait conduit à la mort. C’est un Ange qui traite avec Marie du salut du genre humain, parce qu’un ange avait traité de sa perte avec Eve. Vous avez entendu cet Ange révéler le moyen ineffable de construire, du limon de notre chair, un temple à la divine Majesté. Vous avez entendu comment un mystère incompréhensible place Dieu sur la terre et l’homme dans le ciel. Vous avez entendu par quelle combinaison merveilleuse Dieu s’unit à l’homme dans un seul corps. Vous avez entendu comment la frêle nature de notre corps est affermie par l’exhortation d’un Ange, l’animant à porter toute la gloire de la divinité.

Enfin, de peur qu’en Marie le limon friable de notre corps ne s’affaissât sous le poids énorme du céleste édifice ; de peur que cette branche délicate qui devait porter le fruit de tout le genre humain ne se rompit, l’Ange a bientôt pris les devants et dit à la Vierge : « Ne craignez pas, Marie. » Avant d’énoncer le motif de sa mission, il lui fait entendre par ce nom, quelle est sa dignité. Car le mot hébreu de Marie, en latin Domina, signifie souveraine. L’Ange l’appelle souveraine, pour lui ôter la crainte qui appartient à la servitude, destinée qu’elle est à devenir la Mère du Dominateur, celui qu’elle doit enfanter ayant obtenu, par son autorité même, qu’elle naquît et fût appelée souveraine.

« Ne craignez pas, Marie, car vous avez trouvé grâce. » C’est vrai : celui qui a trouvé grâce ne saurait craindre. Or, vous avez trouvé grâce. Bienheureuse celle qui, seule parmi les êtres humains et de préférence à tous, mérita d’entendre ces paroles : « Vous avez trouvé grâce. » Quel degré de grâce ? Une grâce aussi entière que le donne à entendre ce terme employé auparavant par l’Ange : « pleine. » Et vraiment elle était en sa plénitude, la grâce dont les flots abondants s’étaient versés sur cette créature, l’avaient pénétrée et remplie. « Vous avez trouvé grâce devant Dieu. »

Disant ces choses, l’Ange lui-même s’étonne, ou de ce qu’une femme l’ait méritée seule, ou de ce que tous les hommes aient mérité la vie par une femme ; oui, l’Ange est comme frappé de stupeur, en voyant venir se renfermer tout entier dans les étroites bornes d’un sein virginal, le Dieu pour qui toutes les choses créées réunies ne sont que petitesse. C’est pourquoi l’Ange tarde à préciser le but de sa mission ; de là vient qu’il nomme la Vierge par ce qui exprime son mérite, et la salue en mentionnant la grâce. A celle qui l’écoute, il ne livre que peu à peu son message, sans doute afin d’en faire ressortir la signification ; c’est aussi peu à peu qu’il achève de calmer sa crainte prolongée.

Saint Pierre Chrysologue (sermon aux matines)

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