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Vigile de la Pentecôte

L’Esprit enseigne tout,
brillant dans l’indicible lumière,
et il te montrera
toutes les réalités intelligibles,
autant que tu peux les voir,
autant qu’accessibles à l’homme,
à la mesure de la pureté
de ton âme,
et tu deviendras semblable à Dieu
en imitant exactement ses œuvres,
en fait de tempérance, de courage
et d’amour pour les hommes,
ainsi qu’en supportant les épreuves
et en aimant tes ennemis.

Voilà qui fera de toi, mon enfant,
imitateur du Maître,
et manifestera en toi
la véritable image de ton Créateur,
icône en toutes choses
de la perfection même de Dieu.
Alors le Créateur
enverra l’Esprit divin,
qui soufflera, qui habitera,
qui fixera son séjour
substantiellement en toi,
qui t’illuminera, te fera briller
et te recréera tout entier,
qui, de corruptible,
te rendra incorruptible,
et remettra à neuf
la maison décrépite,
celle de ton âme ; et avec elle,
il rendra incorruptible,
entièrement incorruptible,
ton corps tout entier,
et il te fera dieu par grâce,
semblable à ton Modèle :
ô merveille !

Devenant comme une piscine
divine et toute lumineuse,
il embrasse tous ceux
qui en sont dignes
et qu’il trouve en dedans.
Il remodèle entièrement
tous ceux qu’il reçoit
en dedans de lui-même,
il les remet à neuf,
il les rénove de façon extraordinaire.

Étant immortel,
il confère l’immortalité ;
étant lumière sans couchant,
il transforme en lumière
tous ceux en qui
il établit sa demeure ;
étant vie,
il procure à tous la vie ;
étant consubstantiel au Christ,
identique en nature et en gloire,
ne faisant qu’un avec lui,
il les rend absolument
semblables au Christ.

Hâtons-nous donc
de recevoir l’Esprit
qui vient de Dieu, l’Esprit divin,
afin de devenir héritiers
du Royaume céleste
pour les siècles.
Courons donc avec ardeur,
courons tous,
afin d’être jugés dignes
de nous trouver au-dedans
du Royaume des cieux
et de régner avec le Christ,
le Maître de tout,
à qui revient toute gloire,
avec le Père et l’Esprit,
pour les siècles des siècles. Amen.

Saint Syméon le Nouveau Théologien

Commentaires

  • Saint Syméon est un saint de l’Église byzantine antérieur au schisme de 1054, du temps donc de l’Église indivise. On peut le considérer comme catholique. On remarque que dans sa théologie du Saint-Esprit il ne fait aucune allusion à la procession de l'Esprit à partir du Père et du Fils. Si bien que tout ce qu'il dit de l'Esprit, défini comme lumière, pourrait être dit aussi bien du Fils. Le Christ n'a-t-il pas dit : "Je suis la lumière du monde" (Jn 8, 12) ?

  • Pardonnez-moi mais je vous trouve léger sur ce coup-là. La lecture suivie des oeuvres de Syméon ne laisse aucun doute sur le fait qu'il parle du Saint-Esprit. Et c'est manifeste dans ce seul texte. je ne vois pas pourquoi il devrait parler de la procession du Père et du Fils alors que c'est étranger à la théologie orientale.

  • Oui, mais sans la procession du Père et du Fils, ou du Père par le Fils, on ne distingue pas bien les missions temporelles du Fils et de l'Esprit. Ce qui est dit de l'Esprit (c'est manifeste chez Syméon) pourrait être dit aussi bien du Fils.

  • Ce n'est vraiment manifeste que pour vous. Syméon le Nouveau Théologien est connu comme le chantre de l'action du Saint-Esprit (et non du Fils) dans les âmes.

    J'ai lu récemment le premier tome de ses catéchèses. C'est vraiment impressionnant.

  • Je dois mal m'expliquer. Syméon est bien le chantre de l'Esprit. Sans aucun doute. Je voulais dire seulement que ses propos (admirables) pourraient être transposés au Fils.

    Mais au fait, enlevez-moi d'un doute. Saint Syméon le nouveau théologien est-il reconnu comme saint dans l’Église catholique ? Certes il a vécu avant le schisme. Donc il peut être considéré comme catholique. Mais si je lis bien Wikipédia il aurait été canonisé par l’Église byzantine 50 après sa mort, donc après le schisme. Donc il ne figurerait pas au martyrologe romain. Donc il ne serait pas considéré comme saint dans l’Église catholique.

    Ou alors quelque chose d'énorme m'échappe... (ce ne serait pas la première fois).

  • Vérification faite, Syméon le Nouveau Théologien n'est en effet pas officiellement un saint dans l'Eglise catholique. Bien que sa sainteté ne fasse aucun doute. Je constate que lorsque Benoît XVI lui a consacré une catéchèse, il a pris soin de ne pas l'appeler "saint". Mais il lui a consacré une catéchèse, entre saint Anselme et saint Pierre Damien...

    Pour ce qui est de la Lumière, j'allais vous renvoyer au bréviaire, mais je m'aperçois avec stupéfaction que la réforme de 1960 a réduit les matines de la Pentecôte à un seul nocturne, ce qui a supprimé notamment le sermon de saint Léon:

    ad renovandam faciem terrae Spiritus Dei ferebatur super aquas, et ad veteres tenebras abigendas, novae lucis fulgura coruscabant, cum micantium splendore linguarum, et verbum Domini lucidum, et eloquium conciperetur ignitum, cui ad creandum intellectum, consumendumque peccatum, et efficacia illuminandi, et vis inesset urendi.

    (dans ces cinq lignes il y a sept mots qui évoquent la lumière)

    Ou le répons qui commence ainsi:

    Advenit ignis divinus, non comburens sed illuminans, non consumens sed lucens...

    (Il est advenu, le feu divin, qui ne brûle pas mais illumine, qui ne consume pas mais éclaire...)

    [Erratum. Les matines de la Pentecôte n'ont toujours eu qu'un seul nocturne dans le bréviaire romain. Voir le commentaire d'Alexandre ci-dessous, et ma réponse.]

  • Au fait, ce n'est pas parce qu'il n'est pas inscrit au martyrologe actuel qu'il ne doit pas être "considéré comme saint". La plupart des saints ne sont pas inscrits au martyrologe. L'inscription au martyrologe est simplement une garantie donnée par l'Eglise et la permission d'organiser un culte public.

  • Merci pour ces explications.

  • Monsieur,

    Vous écrivez :
    " je m'aperçois avec stupéfaction que la réforme de 1960 a réduit les matines de la Pentecôte à un seul nocturne ".

    On ne prête qu'aux riches, car pour une fois, ladite réforme n'a rien touché du tout : l'office ROMAIN de la Pentecôte et de son octave n'ont jamais compté qu'un nocturne de 3 psaumes et 3 lectures d'homélie, tout comme Pâques et son octave.

    Il n'en est pas de même de l'office MONASTIQUE. A la Pentecôte, comme aux autres dimanches de l'année, il y a effectivement trois nocturnes. A noter que cet office a connu, lui, une simplification en 1962 : les lundi et mardi de Pentecôte, qui avaient jusque là 3 nocturnes, n'en ont plus qu'un seul.

    Bonne et sainte octave pentecostale, même si vous jeûnez aux Quatre-Temps, comme le prescrivait le droit il n'y a pas si longtemps.

    Alexandre

  • Merci beaucoup. Je me disais que j'allais vérifier mon assertion ce matin, et puis j'ai oublié. Et j'ai bien fait puisque vous m'apportez la réponse.

    Cela reste stupéfiant. Au moins pour la Pentecôte, car je suppose que c'est à cause de la longueur de la Vigile... d'avant. Or la messe de la vigile de la Pentecôte est aujourd'hui une messe normale, qui n'est pas célébrée dans la nuit... Il n'y a donc aucune raison pour raccourcir les matines d'une des plus grandes fêtes de l'année.

    A propos du bréviaire monastique qui est le mien, le mardi de la Pentecôte a été modifié au crayon pour le faire passer de trois à deux nocturnes, mais pas le lundi. (D'autre part, à ma connaissance, il n'y a pas de matines à un seul nocturne dans le bréviaire monastique.)

    Enfin, quand je jeûne, ce n'est pas pour obéir au "droit", mais pour faire pénitence, et - par exemple pendant le carême - pour que ma vie soit conforme à la liturgie. J'avoue ne pas comprendre comment on peut ne pas jeûner quand on dit à Dieu qu'on jeûne, huit ou neuf ou douze fois dans la journée...

  • C'est la raison pour laquelle le jeûne a été supprimé des oraison du missel de 70 : comme il a été conçu (quoiqu'on en dise) pour être dit en vernaculaire, la différence entre la prière et le mode de vie aurait été trop flagrant et aurait mis mal à l'aise.

  • Bien sûr. Et ce faisant on a fait semblant d'oublier que le Christ avait dit:

    "Les jours viendront où l'époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront."

    Et:

    "Si vous ne faites pénitence vous périrez tous."

  • A mon humble avis, les matines de la Pentecôte et de son octave n'ont jamais été raccourcies. C'est même plutôt une forme ancienne des matines romaines qui est parvenue jusqu'à nous. En tout cas, je suis prêt à parier que ces matines, à part l'hymne, modifiée par Urbain VIII (1629-31), n'ont pas bougé depuis le Bréviaire du Concile de Trente (1568). Il faudrait se plonger dans les grands classiques de l'histoire du Bréviaire Romain, ce que je ferai... un autre jour.

    Pour les matines monastiques, oui, pardon, vous avez raison, elles comportent 2 ou 3 nocturnes : mon "romanomorphisme" m'a fait oublier que dans le rit bénédictin, quand il n'y a que trois lectures, elles sont au milieu de l'office, à la fin du premier nocturne, et non tout à la fin, comme au romain, qu'il soit antique ou déjà réformé (Pie X, 1911).

    Enfin, pour ce qui est du jeûne, la liturgie des Quatre-Temps de Pentecôte vous laissera assez tranquille : à ma connaissance, il n'en est question qu'à la messe du samedi (les 3e, 4e, 5e collectes et la secrète). Et je suis bien de votre avis sur la cohérence entre la prière (les textes liturgiques) et la pénitence (ici le jeûne). En ce sens, le Missel Romain de 1970-2002 est plus logique : dans toutes les oraisons où il était question de jeûne - sauf les Mercredi des Cendres et Vendredi saint - le mot a été remplacé par pénitence ou un autre équivalent.

  • Oui, bien sûr. Je me suis sans doute mal exprimé, mais je l'avais bien compris ainsi. Quand j'ai écrit que c'était à cause de la vigile, je ne voulais pas dire que les matines avaient été raccourcies mais qu'elles avaient été conçues ainsi parce qu'il y avait une longue vigile. Bref, une réforme aurait dû allonger ces matines qui sont très courtes sans raison depuis que la vigile a été raccourcie.

    Le missel de 1970 est plus logique et ses concepteurs ont certainement cru en finir avec une vieille hypocrisie, mais il est contraire à toute la tradition liturgique et à toute la tradition ascétique, à toute la tradition de la sainteté de l'Eglise. Depuis le Christ et même bien avant... Il a fallu attendre le XXe siècle pour découvrir que finalement il n'y a pas besoin de jeûner. Mais c'est tellement contraire à l'évidence spirituelle qu'on s'est mis à bricoler des jeûnes un peu n'importe quand et pour n'importe quoi.

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