Le pape, dans son homélie d’hier :
« Qui sommes-nous pour fermer les portes ? Dans l’Eglise primitive, existait le ministère de portier. Que faisait-il ? Il ouvrait la porte, recevait les gens, les faisait passer. Mais jamais il n’a existé de ministère qui ferme la porte, jamais ! »
Extrait du Traité des saints ordres, par Monsieur Olier :
« Le premier des ordres moindres est celui de portier* : cette dignité représente la qualité de portier qui est dans le prêtre, et le pouvoir exécutif et spirituel qu’il a reçu, dans son ordination, d’ouvrir et de fermer aux hommes la porte du ciel. C’est lui qui les lie et qui les délie, qui les admet et qui les chasse, qui les excommunie et qui les reçoit, qui les condamne et qui les absout ; en un mot, c’est lui qui est le vrai portier du paradis.
« Et c’est pour cela que le Fils de Dieu dit à saint Pierre : Je te donnerai les clefs du ciel. Ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans le ciel, et ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans le ciel ; de sorte qu’à vrai dire ce saint Apôtre est le portier du ciel, et en lui tous les prêtres le sont, parce qu’ils participent à sa puissance.
« Or, comme les portiers, dans l’Église, font les fonctions extérieures de la prêtrise, et qu’ils commencent à être initiés au sacerdoce par cette dignité, on leur donne les clefs à toucher, et l’ordre se confère par cet attouchement. C’est un symbole de la puissance qu’ils y reçoivent de chasser les fidèles de l’église ou de les y admettre, de leur en ouvrir ou de leur en fermer les portes.
« Les portiers entrent en participation de la dignité de Jésus-Christ, juge des hommes et des anges ; c’est pourquoi ils ont droit de chasser les pécheurs de l’église, comme Jésus-Christ les chassera du ciel en qualité de juge, lorsqu’il les repoussera de l’entrée du paradis, ce qui nous est figuré par l’ange placé à la porte du paradis terrestre, pour chasser tous les enfants d’Adam qui voulaient y entrer. »
* Plus récemment on disait "ordres mineurs". On le dit toujours dans la "forme extraordinaire". Car ce n'était pas dans "l'Eglise primitive", mais dans l'Eglise avant Paul VI. C'est le bientôt bienheureux Paul VI qui, dans son saccage de la liturgie, a supprimé les ordres mineurs, dont celui de portier, qui assurément ne sert à rien s'il doit toujours laisser la porte ouverte.
Commentaires
les propos du pape sont proprement ahurissants de naïveté : la réception des sacrements n'est pas un droit subjectif de l'homme, elle est conditionnée par la préparation des cœurs (et le droit le rappelle, Can. 865 - § 1. Pour qu'un adulte puisse être baptisé, il faut qu'il ait manifesté la volonté de recevoir le baptême, qu'il soit suffisamment instruit des vérités de la foi et des obligations chrétiennes et qu'il ait été mis à l'épreuve de la vie chrétienne par le catéchuménat; il sera aussi exhorté à se repentir de ses péchés.).
Dire cela au moment même où l'on pousse les paires homosexuelles à faire baptiser leurs enfants, à grand renfort médiatique, c'est un manque de prudence certain...
Le pape François a également mis en avant le baptême des aliens,les hommes verts aux grandes oreilles.
Rebonjour,
1. Le passage du "qui suis-je, pour juger les autres (le monde) ?", au "qui sommes-nous, pour fermer les portes (de l'Eglise) ?" est accablant, inquiétant, voire effrayant ; il confirme, ou confirmerait, s'il venait à être réaffirmé, réitéré,
- que nous ne sommes pas en présence d'une maladresse accidentelle et ponctuelle, sur la forme,
mais
- que nous sommes en présence d'un positionnement intentionnel et durable, sur le fond.
2. Faut-il le rappeler, et même si Marty nie on the rock, l'Esprit saint est
- conservateur, en ce qu'il ne cesse pas de persévérer dans son être : il procède du Père et du Fils, non du consensus dominant au moment où l'on parle, ni du sens de l'histoire,
- propagateur, en ce qu'il ne cesse pas de propager, de transmettre, ses béatitudes, charismes, dons et fruits,
- réparateur, en ce qu'il est miséricordieux, réconciliateur, mais pas depuis, ni vers, n'importe quelles conditions ou conduites, la miséricorde n'étant pas le périphérisme,
- séparateur, en ce qu'il est délimitateur, discriminateur, dans le cadre de la distinction entre l'Esprit de Dieu et l'esprit du monde, entre les oeuvres selon l'Esprit et les oeuvres selon la chair.
3. bip ! Bip !! BIp !!! BIP !!!! C'est ballot : quelqu'un a fait installer dans ma maison, bien entendu sans m'en parler, un détecteur de propos pélagiens et pharisiens, intégristes et légalistes, et il vient de se déclencher ! Oui, c'est ballot, mais en même temps, je trouve que c'est plutôt bon signe, même si ce signe n'est évidemment pas conforme à l'acception consensuelle et dominante des signes des temps.
4. Là aussi, faut-il le rappeler, la porte de la Foi est rouge et en bois ; ce rouge, c'est le rouge du sang du Christ, et ce bois, c'est le bois de la Croix du Christ ; cette vision des choses (le détecteur vient à nouveau de se déclencher...) est conforme à l'Evangile, et non à "l'esprit de l'Evangile", tel que l'on succombe de plus en plus souvent à la tentation de nous le prescrire, ou de nous le présenter.
5. Mais où serait donc la place de la confession, de la conversion, de la formation, de la transmission, de la vocation, dans une Eglise catholique "périphériste" qui, si elle était un parti politique, serait traitée de "parti attrape tout", sans cohérence ni exigences, sans convictions ni doctrine, sans courage ni franchise, sans énergie ni fermeté, face à la tentation de se modeler sur le monde présent ?
6. Et si la crise majeure du catholicisme contemporain était située devant nous (pour des raisons démographiques et géographiques, mais aussi "analytiques" et programmatiques"), et non pas derrière nous ?
Bon courage et bon dimanche.
A Z