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Saint Athanase

Fin de la longue lettre de saint Athanase, patriarche d’Alexandrie, au moine Dracontius qui avait été élu au siège épiscopal d’Hermopolis mais ne voulait pas devenir évêque.

Que les moines ne t’arrêtent donc point, comme si tu étais le seul ordonné parmi les moines ; ne prétexte point que tu vas déchoir. Tu pourras même devenir meilleur si tu imites Paul et les actions zélées des saints. Tu sais que, constitués administrateurs des mystères, ils ont poursuivi plus directement la récompense de la vocation céleste. Quand Paul fut-il martyr et s’attendit-il à recevoir la couronne, sinon quand il fut envoyé pour enseigner ? Quand Pierre fit-il sa confession de foi, sinon quand il prêchait l’Évangile et devint pêcheur d’hommes ? Quand Élie fut-il enlevé, sinon quand il eut accompli tout son ministère prophétique ? Quand Élisée reçut-il en esprit le double, sinon quand il quitta tout pour suivre Élie. Et pourquoi le Sauveur choisit-il des disciples, sinon pour les envoyer ?

Donc, avec ce modèle, mon cher Dracontius, ne dis point et ne crois point ceux qui disent que l’épiscopat est une occasion de péchés et qu’il porte à commettre des fautes. Tu peux, même évêque, souffrir la faim et la soif, comme Paul ; tu pourras t’abstenir de vin, comme Timothée ; jeûner toi aussi perpétuellement, comme Paul, et, jeûnant ainsi, rassasier comme lui les autres par tes enseignements, t’abstenant de boire selon ta soif, désaltérer les autres par ta doctrine. Que tes conseillers ne t’objectent donc point cela. Nous connaissons et des évêques qui jeûnent et des moines qui se rassasient, nous connaissons et des évêques qui ne boivent pas de vin et des moines qui en boivent, nous connaissons des évêques qui font des miracles et des moines qui n’en font point. Beaucoup d’évêques n’ont jamais été mariés, il y a des moines qui ont été pères de famille, de même qu’il y a des évêques pères de famille et des moines qui n’ont pas de postérité ; nous connaissons encore des clercs qui souffrent la faim et des moines qui jeûnent. Ceci est permis et cela n’est point défendu. Que partout on lutte ; la couronne dépend non du lieu mais des actes.

Ne supporte donc point ceux qui te donnent d’autres conseils que ceux-là ; hâte-toi au contraire ; pas de retard, surtout parce que la sainte fête approche. Sans cela le peuple célébrerait la fête sans toi et tu prendrais sur toi une grande responsabilité. Qui leur annoncera la Pâque si tu n’es pas présent ? Qui leur fera connaître le jour de la Résurrection, si tu te caches ? Qui leur donnera les conseils pour bien passer la fête, si tu es en fuite ? Oh ! combien seront aidés si tu es présent, à combien ta fuite sera pernicieuse ! Qui t’approuvera d’agir ainsi ? Pourquoi te conseillent-ils de refuser l’épiscopat, eux qui veulent avoir des prêtres ? Si tu es pervers, qu’ils ne restent pas avec toi ; s’ils te jugent apte, qu’ils ne soient point envieux des autres. Si l’enseignement et le commandement est une occasion de péché, à leur avis, qu’ils ne reçoivent point d’enseignement, qu’ils n’aient point de prêtres, de manière à ne point déchoir eux et leurs maîtres. Allons, n’écoute point ces paroles humaines, ne te laisse pas ainsi conseiller, comme je te l’ai répété souvent ; hâte-toi plutôt, reviens au Seigneur et, prenant soin de ses brebis, fais aussi mémoire de nous.

Commentaires

  • http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=749761

    A Alexandrie, la naissance au ciel de saint Athanase, évêque de cette ville, homme très-éminent en doctrine et en sainteté, que presque tout l'univers persécuta et dont il semble que tout le monde avait conjuré la perte. Il ne laissa pas de défendre la foi catholique avec un courage intrépide, depuis le temps de Constantin jusqu'à celui de Valens, contre les empereurs, contre les gouverneurs de province, et contre un nombre infini d'évêques ariens, qui lui tendirent tous des pièges, en sorte qu'il était presque toujours en fuite, et qu'il pouvait à peine trouver un lieu dans tout l'univers où il fût en sûreté. Enfin, après bien des combats et des triomphes qu'il remporta par sa patience, étant revenu à son église, il émigra vers le Seigneur l'an quarante-sixième de son épiscopat, du temps des empereurs Valentinien et Valens.

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