La messe de ce jour commence par « salus » : à la fois santé et salut. Elle commence ainsi clairement à dessein, car cet introït n’est pas un verset de psaume, c’est une création ecclésiastique. Et toute la messe est centrée sur la guérison des corps et des âmes, sur la santé recouvrée comme signe du salut éternel. L’évangile nous montre Jésus guérir tous les malades qu’on lui apporte. Et les trois collectes de la messe sont curieusement celles d’une fête, la fête des martyrs Côme et Damien, qui sont les patrons de l’église de la station romaine. Aujourd’hui c’est la mi-carême, et l’on vient consulter les médecins Côme et Damien pour qu’ils nous donnent les remèdes qui nous permettront de poursuivre notre route jusqu’à Pâques. Ils nous les donnent gratuitement, puisqu’ils sont les anargyres (« pas d’argent »), et qu’il s’agit de la grâce.
La liturgie mozarabe a cette belle prière de la mi-carême, toute tendue du désir de la Pâque, publiée et traduite par dom Guéranger :
Exspectantes beatam illam spem passionis ac resurrectionis Filii Dei, fratres charissimi : et manifestationem gloriæ beati et Salvatoris nostri Jesu Christi, resumite virium fortitudinem : et non quasi futuro terreamini de labore : qui ad Paschalis Dominicæ cupitis anhelando pervenire celebritatem. Sacratæ etenim Quadragesimæ tempore mediante arripite de futuro labore fiduciam : qui præteriti jejunii jam transegistis ærumnas. Dabit Jesus lassis fortitudinem : qui pro nobis dignatus est infirmari. Tribuet perfectionem futuri : qui initia donavit præteriti. Aderit in auxilio, filii : qui suæ nos cupit præstolari gloriam Passionis. Amen.
Dans l’attente de l’heureux espoir que nous avons, Frères très chers, de célébrer la Passion et la Résurrection du Fils de Dieu, et de voir la manifestation de la gloire de notre bienheureux Sauveur Jésus-Christ, ranimez vos forces et votre courage. Ne vous effrayez pas des fatigues qui restent encore à subir, vous qui désirez avec tant d’ardeur arriver à la solennité de la Pâque du Seigneur. En ce milieu de la sainte Quarantaine, vous qui déjà avez traversé une partie des labeurs du jeûne, prenez confiance pour ceux qui restent à accomplir. Jésus, qui a daigné se faire infirme pour nous, donnera le courage à ceux qui sont fatigués ; il nous a donné de fournir le commencement de la carrière, il en accordera la continuation. Il vous viendra en aide, très chers fils, lui qui veut que nous vivions dans l’attente de sa glorieuse Passion. Amen.