La messe de ce jour fut longtemps l’une des plus solennelles de l’année : c’est une messe d’ordinations à la basilique Saint-Pierre de Rome. Avant saint Grégoire le Grand, elle comportait douze lectures en grec et en latin. Saint Grégoire en réduisit le nombre à six (y compris l’évangile), ce qui est toujours le cas, du moins s’il y a des ordinations, et aux messes conventuelles. C’était une de ces messes-vigiles qui duraient toute la nuit (pannychis) et se terminaient au lever du jour. C’est pourquoi l’évangile est le même que celui de demain : il n’y avait pas d’autre messe que celle de la longue veillée (qui venait après un jour complet de jeûne…), et les anciens sacramentaires indiquaient : « Dominica vacat ».
L’évangile de la Transfiguration est en rapport avec la « station » du jour, comme c’est normalement et plus ou moins clairement le cas dans les messes anciennes. Ici, c’est parce que, si trois apôtres assistent à la Transfiguration, saint Pierre est le seul à parler, et il témoignera de cet épisode dans sa seconde épître.
Mais le choix de cet évangile pour ce jour a une autre justification, qui apparaît en pleine lumière, montre dom Pius Parsch, si l’on s’en tient aux plus anciennes messes de carême : premier dimanche, mercredi des quatre temps, samedi des quatre temps. Dimanche, c’était le jeûne du Christ. Mercredi, le jeûne de Moïse et d’Elie. Aujourd’hui, Moïse et Elie sont avec Jésus sur la montagne. Le jeûne des 40 jours conduit à la Transfiguration, qui est une figure anticipée de Pâques.