Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Jeudi de la Septuagésime

Caïn et Abel (Genèse 4, 1-16).

Commentaire de saint Hilaire, dans son Traité des mystères.

L'histoire de Caïn et Abel vient après la première préfigure du Christ et de l'Eglise (1). Leurs personnes préfigurent la diversité de deux peuples et par leurs noms et leurs activités mêmes ils offrent le type des mœurs et des désirs de l'un et de l'autre. Caïn, en effet, cultivait la terre et Abel paissait les brebis. Chacun fit à Dieu une offrande tirée des fruits de son labeur ; mais Dieu regarde les offrandes d'Abel sans porter ses regards sur celles de Caïn. Or, le jour et le lieu du sacrifice ne sont pas différents pour l'un et l'autre, et pour Dieu qui voit tout, comment une chose peut elle être sous son regard, une autre hors de son regard ? Mais par cette figure, il nous est enseigné que le regard de Dieu est la marque des objets qu'il a agréés et que, bien que toutes choses Lui soient soumises, son regard ne va qu'à celles qui en sont dignes. Rien n'avait été dit précédemment des mœurs de Caïn qui pût rendre son sacrifice désagréable à Dieu. Mais dans les événements qui suivirent, se découvre la prescience de Dieu qui ne reçoit pas le sacrifice de celui qui devait marcher contre son frère. En effet, c'est la science que Dieu a du futur qui confère aux faits leur crédit; celui qui devait tuer n'est pas digne du regard de Dieu comme s'il avait déjà tué. Or, la culture de la terre porte le signe des œuvres de la chair et tout fruit de la chair consiste en vices qui, dans l'horreur qu'en a Dieu, écartent d'eux son regard. Il n'y a pas de regard pour le sacrifice qui est tiré des œuvres de la terre, et seules parmi les graisses sont agréées les prémices des brebis, entendons que le sacrifice du fruit intérieur et de notre moi lui-même est agréable, toutes choses qui, parmi les prémices des brebis, attirent sur elles par leur agrément le regard de la volonté divine. Puisque en effet " les prémices c'est le Christ ", " premier-né des créatures, premier-né d'entre les morts ", prince des prêtres, " afin qu'il occupe en tout la première place ", brebis Lui-même et selon sa naissance corporelle une parmi les brebis, le sacrifice d'Abel est déjà agréable sous la figure de l'Église qui par la suite devait offrir, tiré des prémices des brebis, le sacrifice du saint Corps. Celui dont le sacrifice n'a pas été reçu en veut à celui dont le sacrifice a été reçu, et, contrairement au décret de Dieu qui l'avertissait de s'apaiser le réprouvé tue l'approuvé. Convaincu, l'interrogation divine le pousse à avouer pour se repentir; mais, aggravant son crime, il nie ; désespérant de la résurrection, il pense qu'il sera anéanti par la mort, mais gémissant et tremblant, il est réservé au jugement d'une septuple vengeance et est maudit par toute la terre qui recueille le sang de son frère. Or, le nom de Caïn signifie " éclat de rire " ; celui d'Abel " larmes ".

(1) C’est ce que saint Hilaire venait d’expliquer :

Il faut considérer aussi dans le sommeil d'Adam et la création d'Ève la révélation figurée du mystère caché qui avait pour objet le Christ et l'Église ; cette révélation nous offre en effet des motifs de croire à la résurrection des corps en même temps que sa figure. De fait, dans la création de la femme, ce n'est plus du limon qui est pris, la terre n'est plus modelée pour prendre la forme d'un corps, le souffle de Dieu ne transforme plus la matière inanimée en une âme vivante ; mais la chair croît sur l'os, la perfection du corps est donnée à la chair et la force de l'esprit s'ajoute à la perfection du corps. Cette ordonnance de la résurrection, Dieu l'a annoncée par Ézéchiel, enseignant à propos des réalités à venir ce que peut sa puissance. Tout en effet y concourt : la chair est là, l'esprit vole, aucune de ses œuvres n'est perdue pour Dieu qui, pour l'animation du corps humain qui est son œuvre a trouvé présentes ces choses qui n'étaient pas. Or, d'après l'Apôtres c'est un " dessein caché en Dieu depuis l'origine des siècles" que " les Gentils soient cohéritiers et membres du même corps et participants de sa promesse dans le Christ ", " qui a la puissance, d'après le même Apôtre, de réformer le corps de notre humilité à la ressemblance du corps de sa gloire ". Ainsi donc, après le sommeil de sa Passion, l'Adam céleste, au réveil de sa Résurrection, reconnaît dans l'Église son os, sa chair non plus créés du limon et prenant vie sous le souffle, mais croissant sur l'os et, de corps fait corps, atteignant sa perfection sous le vol de l'esprit. Ceux en effet qui sont dans le Christ ressusciteront selon le Christ en qui dès maintenant est consommée la résurrection de toute la chair, parce que Lui-même naît en notre chair avec la puissance de Dieu en laquelle son Père l'a engendré avant les siècles. Et puisque le Juif et le Grec, le barbare et le Scythe, l'esclave et l'homme libre, l'homme et la femme, tous sont une seule chose dans le Christ, étant donné que la chair est reconnue comme issue de la chair, que l'Église est le Corps du Christ et que le Mystère qui est en Adam et Ève est une prophétie concernant le Christ et l'Église, tout ce qui a été préparé par le Christ à l'Église pour la consommation des temps a déjà été accompli en Adam et Ève au commencement du siècle présent.

Commentaires

  • Et Caïn a été l'initiateur de l'idolâtrie et de la magie par adoration de Lucifer à la place du Vrai Dieu. Tentation permanente du genre humain qui passa hélas le Déluge par Cham un des fils de Noë et Canaan (ancêtre des Ethiopiens, Somaliens et Egyptiens). Les déboires des israélites surviennent toujours après l'idolâtrie des élites qui contaminent le peuple.

  • A propos de Caïn et Abel, du sacrifice eucharistique et du nouvel offertoire de la messe de Paul VI: j'ai toujours été frappé par l'étrangeté du nouveau rite. En effet, on sait que le traditionnel Canon romain fait explicitement référence à Melchissédec et à Abel le Juste et à son offrande agréée par Dieu ( alors que celle de Caïn est rejetée ). Or, l'offrande de Caïn est végétale, et celle d'Abel est animale, sanglante, et composée des prémices de son troupeau. On a remarqué que les nouvelles "prières eucharistiques" ne contiennent aucune allusion à Melchissédec ni à Abel; mais ce qui rend la chose plus sinistre, c'est qu'on a substitué un offertoire ( ou "préparation des dons") caïnite à la place de l'offertoire ancien, qui s'inspire bien plutôt de l'oblation d'Abel. Ici, nous faisons brièvement remarquer que cette “ nouvelle messe ” reprend le sacrifice de Caïn et non celui d’Abel. En effet, on trouve dans l’offertoire de la “ nouvelle messe ” : “ Béni sois-tu, Dieu de l’univers, toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes ; nous te le présentons : il deviendra le pain de la vie ”. “ Béni sois-tu, Dieu de l’univers ” est une expression de la religion juive d'après la dispersion de ce peuple. Il est dit non pas “ Béni sois-tu Dieu, Créateur de l’univers ” mais “ Béni sois-tu, Dieu de l’univers ”,
    c’est-à-dire Dieu Immanent à l’univers, ce qui semble déjà panthéiste. A la véritable messe le
    prêtre dit : “ Suscipe, sancte Pater, omnipotens aeterne Deus, hanc immaculatam Hostiam ”
    (“ Recevez, Père Saint... cette Victime sans tache ”), c’est-à-dire l’Agneau de Dieu. Pour comprendre
    la signification profonde de cette différence reportons-nous à la Sainte Écriture : “ Au
    bout de quelque temps, Caïn offrit des produits de la terre en oblation à Jéhovah ; Abel, de
    son côté, offrit des premiers-nés de son troupeau. Le Seigneur regarda Abel et son offrande ;
    mais il n’avait pas regardé Caïn et son offrande. Caïn en fut très irrité et son visage fut abattu ”
    (Gen. iv, 5-6). “ Caïn dit à Abel, son frère : “ Allons aux champs ”. Et comme ils étaient dans
    les champs, Caïn s’éleva contre Abel, son frère, et le tua (Gen. iv, 8). Comment ne pas rapprocher
    cet événement historique de la nouvelle “ église conciliaire ” devenue l’église de Caïn, avec
    son rite (la “ nouvelle messe ”), qui veut tuer l’Église d’Abel, avec son rite agréable à Dieu (la
    Sainte Messe de toujours, dite de saint Pie v) ? C'est une des marques du changement de perspective et de point de vue, à mon sens catastrophique, de la nouvelle messe, qui n'est plus placée sous les auspices d'Abel mais sous le patronage de Caïn. Ce changement de paradigme n'a pas -me semble-t-il- été assez remarqué, il est pourtant révélateur des "influences" qui se sont exercées, consciemment ou inconsciemment, dans la soi-disant réforme liturgique.

Les commentaires sont fermés.