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Quand Sandro Magister se fait avoir par un cheval de retour

Les analyses de Sandro Magister sont souvent intéressantes, tant par la qualité de la réflexion que par les références apportées. Tout récemment il publiait, dans le cadre des débats actuels, notamment en vue des prochains synodes sur la famille, un grand article intitulé « Quand l’Eglise de Rome pardonnait les remariages ».

J’ai trouvé cet article assez curieux, sans pouvoir en dire davantage parce que je ne connais à peu près rien à la question. Or il s’appuyait sur l’autorité d’un « prêtre du diocèse de Gênes, Giovanni Cereti, expert en patristique et en œcuménisme mais également, depuis plus de trente ans, assistant d’un mouvement de spiritualité conjugale, les Équipes Notre-Dame ». A priori, on est plutôt enclin à faire confiance.

Or la thèse de ce prêtre, explique John Lamont dans Rorate Caeli, a été complètement et définitivement anéantie par le jésuite Henri Crouzel, grand spécialiste des pères, notamment d’Origène, et aussi (c’est moins connu) grand spécialiste de la question du mariage et du divorce dans l’Eglise des premiers siècles. Le fait est d’autant plus frappant que Henri Crouzel (mort en 2003) était personnellement favorable à un assouplissement de la position de l’Eglise sur la question, et donc que sa critique de la thèse de Cereti n’était pas du tout un plaidoyer pro domo. (En bref, le canon du concile de Nicée sur lequel s’appuie Cereti ne dit pas du tout qu’on doit admettre le remariage de gens dont le conjoint est toujours vivant, mais qu’on doit admettre le remariage de gens dont le conjoint est mort : il s’agissait de s’opposer aux montanistes et aux catholiques influencés par le rigorisme de ces hérétiques.)

Sandro Magister parlait d’une étude « récente ». Or le livre de Cereti, qui vient d’être réédité (on comprend pourquoi) date en réalité de 1977. Et c’est à cette époque que Crouzel a montré que ce n’était qu’un tissu d’erreurs.

Mais tout le monde a oublié...

Et John Lamont conclut :

« La relance de l’ouvrage de Cereti est un signe des temps intéressant. En un sens, c’est un trait caractéristique du pontificat actuel ; de vieux radicaux des années 70 jugent que leur heure est enfin venue, et repartent à l’offensive. L’ancienneté de leurs positions peut même être un avantage, parce que les réfutations produites quand elles ont d’abord été mises en avant sont oubliées depuis longtemps – qui connaît maintenant Crouzel et ses critiques ? Mais leurs vues ne sont pas simplement la reviviscence d’un âge passé. Leur succès a été préparé par une longue campagne visant à affaiblir leurs adversaires, par les méthodes classiques d’une propagande constante et d’un cadrage réussi de la question. Une victoire fondamentale a été l’introduction même du terme “remariage” dans le débat. Dans le cas de gens qui se marient civilement alors qu’ils ont une épouse en vie, ce n’est pas un cas de remariage : c’est un cas de bigamie. Une fois qu’on aura mis les catholiques en face du fait que le débat actuel est de savoir si l’on doit admettre les bigames à la communion, on peut espérer une bonne solution. Cependant, d’ici que cela n'arrive, nous sommes voués à endurer davantage de recyclage de vieux bidonnages comme celui de Cereti. »

Commentaires

  • Le Père Pagès vient d'écrire un topo très intéressant "la communion de désir pour les "divorcés-remariés" où il aborde toute la question d'un soi-disant "remariage" qui, en fait, n'en est pas un pour les divorcés.
    http://www.islam-et-verite.com/blog/liturgie/la-communion-de-desir-pour-les-divorces-remaries.html

  • Le père Caffartel fondateur des Equipes notre-Dame avait eu une bonne inspiration pour développer la spiritualité des couples.
    Mais elles n'ont pas échappé aux élucubrations post-vatican II. En particulier, les Centres de Préparation au Mariage (CPM) co-fondés avec les pères Joly et d’Heillly pour discerner et approfondir les richesses du sacrement du mariage pour les fiancés, avaient une vision plutôt laxiste de la contraception et de l'avortement. Il n'y a donc aucune raison de leur faire confiance à priori, mais au cas par cas. Et le cas Cereti en est une illustration flagrante.
    Et l'hérétique Hans Kung refait parler de lui sur la question. Il a un pied en enfer et il continue ses pantalonnades anti-Eglise et anti-Benoît XVI (ils étaient condisciples à Tübingen, élèves de Rahner)

  • Rectificatif erreur de frappe: Pére Caffarel

  • Merci Daou, cela m'avait laissée perplexe aussi, voilà donc la réponse !

  • Divorcés, remariés, bigames, voir polygames... L'ampleur du problème est si grand, les situations peuvent être si différentes, et si complexes, que je ne vois pas comment la décision d'autoriser ou d'interdire l'accès à la communion pourrait les régler.
    A notre niveau d'homme, il y aurait de grands risques de se tromper.
    De méjuger une situation.
    Ou de condamner d'une manière trop radicale.

    (D'autre part, Jésus a bien fait communier le plus grand pêcheur : le déicide Juda. Pourquoi en priverait-on certains baptisés s'ils en font la demande ?
    Qu'ils communient.
    Pour leur "bénédiction" s'ils agissent dans le "Bien."
    Pour leur "malédiction" s'ils agissent dans le "Mal"
    Mais que Dieu Seul soit Juge...
    Voilà ce qui parait le plus "approprié").

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