Lors de sa conférence de presse commune avec son homologue turc Abdullah Gül, hier à Ankara, François Hollande a mollement répondu sur les négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Le moment ne se prêtait certes pas à un propos enthousiaste, à quelques mois des élections européennes, alors que l’immense majorité des Français ne veut pas de la Turquie dans l’UE.
C’est pourtant lui qui a levé le veto sur le chapitre de la politique régionale. Mais pour les autres… Il y a ceux qui devraient être discutés, a-t-il dit de façon très peu diplomatique, « précisément ceux qui concernent les sujets qui en ce moment posent question à la Turquie – la séparation des pouvoirs, les droits fondamentaux, la force de la loi, la justice… » Et là il a osé dire qu’il n’y pouvait rien car c’était d’abord à Chypre de lever son propre veto…
Mais c’était un prétexte pour dire qu’il ne ferait rien. Et à l’intention des électeurs français il a ajouté qu’on ne sait pas quand le processus, qui « doit être continué, avec les sujets plus difficiles, forcément plus difficiles », arrivera à son terme… Ce sera forcément dans longtemps, et de toute façon, « ce sera en France de toute manière soumis à référendum : donc inutile d’agiter quelque peur que ce soit, le peuple français de toute manière aura le dernier mot. »
François Hollande dit qu’il y aura « de toute façon » un référendum. Comme si cela allait de soi. Parce qu’il a le souvenir qu’on a ajouté dans la Constitution que toute nouvelle adhésion ferait l’objet d’un référendum.
Oui, cela, c’était en 2005. C’est Jacques Chirac qui a ajouté cela à la Constitution, pour rassurer les Français alors qu’il donnait une forte impulsion aux négociations Turquie-UE.
Mais en 2008 Nicolas Sarkozy a modifié à son tour cet article 88-5. Il a ajouté qu’au lieu du référendum on pouvait demander l’avis du Congrès…
Donc il n’y aura pas « de toute façon » un référendum. Et Hollande ne le sait pas. De toute façon il s’en moque car il ne sera plus président depuis longtemps…