C’est loin et ça ne nous intéresse guère. Ça nous intéresse quand même dans la mesure où beaucoup de chrétiens irakiens de la plaine de Mésopotamie, quand ils ne sont pas partis à l’étranger, se sont réfugiés dans les montagnes kurdes. Et que de nombreux Syriens s'y sont réfugiés à leur tour... Et qu’une déstabilisation de ce secteur contribue à l’aggravation de la déstabilisation de la région.
Ce qu’on appelle aujourd’hui le « Kurdistan irakien » sont trois provinces irakiennes à majorité kurde, deux d’entre elles à l’ouest (Dohouk, Erbil) sous le contrôle du clan Barzani, la troisième à l’est (Souleimaniyeh) sous le contrôle du clan Talabani. Ces dernières décennies, le clan Talabani était le plus puissant : il obtint donc la majorité au Parlement autonome irakien, et son chef Jalal Talabani est devenu président de la République d’Irak. Quant à son rival Massoud Barzani, il devenait président de la région kurde autonome…
Les élections qui viennent d’avoir lieu ont considérablement modifié la donne : l’« Union patriotique du Kurdistan » de Talabani (le président irakien en titre) n’a obtenu que 18 des 111 sièges, dégringolant à la troisième place, derrière le « parti démocratique du Kurdistan » de Barzani qui en obtient 38, et un parti d’opposition aux deux clans historiques, GORAN (« mouvement pour le changement ») qui en obtient 24.
On constate d’autre part l’émergence spectaculaire d’un parti islamiste, l’Union islamique du Kurdistan, qui obtient d’emblée 11 sièges.
Les chrétiens ont six sièges qui leur sont réservés : un pour les arméniens, cinq pour les assyro-chaldéens, qui se répartissent en trois « partis » rivaux malgré les appels à l’unité. Il y avait aussi des chrétiens sur les autres listes, mais ils ne sont jamais en position éligible.