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Le pape en beaucoup de mots

Si on a le temps, on peut aller lire ce que le jésuite Antonio Spadaro a tiré de six heures de conversations avec François, ici, et qui fait l’objet de commentaires dans tous les médias.

Personnellement je n’y ai rien trouvé d’intéressant. Il y a là beaucoup de choses que le pape a déjà dites, qui commencent vraiment à tourner à la rengaine, beaucoup de considérations proprement « jésuites » qui sont à des années-lumière de ma spiritualité, et de nouveaux propos d’une parfaite ambiguïté, qui peuvent s’interpréter aussi bien de façon orthodoxe que de façon hétérodoxe. Ainsi tout le monde est content. Sauf ceux qui n’aiment pas l’ambiguïté, mais on ne leur demande pas leur avis.

Au passage, on apprend que ce pape (qui s’en prend à plusieurs reprises, là aussi, de nouveau, de façon ambiguë, aux traditionalistes) dit son bréviaire en latin. Le latin, c’est bon pour le pape, pas pour le peuple…

J’ai été vraiment choqué du passage où il parle de la synodalité des Eglises orthodoxes et des traditions orthodoxes en général, faisant comme si les Eglises orientales catholiques n’existaient pas.

Et il y a un passage qui m’a vraiment surpris. Ces jours-ci, je me disais qu’avec les homélies de ce pape on revenait loin en arrière, quand les curés faisaient de toutes leurs homélies des leçons de morale. Or voici ce qu’il dit :

« Une belle homélie, une vraie homélie doit commencer avec la première annonce, celle de l’annonce du salut. Il n’y a rien de plus solide, de plus profond et sûr que cette annonce. Ensuite, il faut faire une catéchèse, en tirer une conséquence morale. Mais l’annonce de l’amour salvifique de Dieu est premier par rapport à l’obligation morale et religieuse. Aujourd’hui, il semble parfois que prévaut l’ordre inverse. »

Là, je suis perplexe… Je n’ai encore jamais vu d’homélie de François qui évoque véritablement « l’annonce du salut ». Ou alors c’est quand il dit que Dieu sauve tout le monde…

Il faudrait quand même être un peu sérieux.

 

Commentaires

  • Les questions que vous soulevez méritent bien sûr des réponses appropriées, je ne me suis pas assez longuement penché sur le texte du RP Spadaro que vous commentez pour prétendre l'avoir compris mieux que vous, et je comprends mieux que quiconque que votre propre sensibilité (plutôt traditionnaliste) ne se retrouve pas dans certains propos du Pape.
    Cela dit, je n'ai pas vu en quoi le Pape fait "comme si les églises catholiques d'orient n'existaient pas". Puisqu'elles sont catholiques, elles sont sous obédience romaine, pourquoi devrait-il les inclure dans un propos qui traite des communautés orthodoxes et de leurs identités propres ?
    Qu'y a-t-il de surprenant enfin quand François rappelle que le kérygme (la "proclamation") doit précéder la catéchèse ("l'écho") dans toute bonne homélie? Peut-être que si vous n'avez pas vu chez François d'homélie de ce type, avec l'annonce du salut placée comme élément premier, c'est que vous n'avez pas voulu voir. Quant à "Dieu qui sauve tout le monde" (ça a l'air de vous contrarier) est-ce que par hasard le pape devrait se faire calviniste radical, ou janséniste? Vous avez raison, il y a un sacré manque de sérieux...

  • Il parle de la synodalité comme si c'était une particularité des Eglises orthodoxes. Or la synodalité existe tout autant dans les Eglises catholiques orientales. Si le pape veut parler de synodalité, qu'il parle d'abord, conformément au code de droit canonique oriental, des Eglises catholiques d'Orient.

    En effet je n'ai pas vu le kérygme. Donc je ne sais pas lire. Mais vous qui savez lire, donnez-moi des exemples.

    Dieu ne sauve pas tout le monde. Dieu offre son salut à tous. Ce n'est pas du tout la même chose. Car hélas on peut refuser le salut. Apparemment vous n'avez pas suivi l'affaire du "pro multis" à la consécration.

  • Ce qui me gêne le plus dans cette interview est l'attaque implicite contre ceux qui militent pour la protection des pauvres parmi les plus pauvres et les plus sans pouvoir que sont les fœtus et pour ceux qui militent pour l'anthropologie du mariage.

    C'est leur liberté de militer. C'est respecter la laïcité que de ne pas les attaquer, même implicitement. Même si c'est sous couvert de ne pas être obsédé par ces questions qui s'insèrent dans des questions plus larges. Mais c'est la liberté politique des laïcs de choisir leurs thèmes.

    Nous avons à faire à une condamnation oblique des consignes de Jean-Paul II à propos des dénaturations du mariage :

    « Lorsqu'on est confronté à la reconnaissance juridique des unions homosexuelles, ou au fait d'assimiler juridiquement les unions homosexuelles au mariage, leur donnant accès aux droits qui sont propres à ce dernier, on doit s'y opposer de manière claire et incisive. Il faut s'abstenir de toute forme de coopération formelle à la promulgation ou à l'application de lois si gravement injustes, et autant que possible ne pas coopérer matériellement à leur application. En la matière, chacun peut revendiquer le droit à l'objection de conscience. »

    http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20030731_homosexual-unions_fr.html

    La promotion et la défense du mariage est une obligation de conscience pour les fidèles et cette obligation nous est confiée par la nature et pas par le Pape.

  • Ce qu'il dit sur les Orientaux et blessant pour les catholiques orientaux. Par omission, certes, mais quand même... À le lire on dirait que seuls les orthodoxes représentent les chrétiens orientaux.

  • Un recherche sémantique dans le texte émanant du Pape : le mot liberté est absent. Le mot libre (au sens d'exerçant sa liberté) est seulement prononcé une fois à propos des homosexuels.

    En revanche il semble hostile à la liberté de la liturgie. Pour lui le motu proprio de Benoît XVI n'est pas la reconnaissance d'un droit naturel, mais une décision "prudentielle", autrement dit réformable. C'est rassurant ! Alors que l'usage des livres de prières et de liturgie édités par un Pape n'est pas laissé à l'appréciation d'un pape subséquent. C'est la liberté religieuse qui nous autorise à en user.

    Je me souviens maintenant qu'une des composantes essentielles de la spiritualité ignatienne est le renoncement à la liberté que nous sommes invités à rendre à Dieu. Je n'irais pas jusqu'à dire que les jésuites sont hostiles à la liberté (me sachant lu par au moins un jésuite), mais il me semble que le risque de cette spiritualité est là. Alors que Jésus nous rend libres et veut que nous usions de la liberté qu'il nous a donnée.

  • Pour répondre d'abord à la réponse de M.Daoudal à mon commentaire : les homélies du Saint-Père sont disponibles sur le site du Vatican, choisissez-en une, je tâcherai de vous en rendre visible le plan, selon mes faibles moyens... Je ne vous accuse pas de ne pas savoir "lire", mais peut-être attendez-vous du Pape certains mots, certaines formules et procédés, ou certaines idées pour vous (seul)essentielles, et apparemment vous ne les trouvez pas. Ce n'est pas suffisant pour reprocher au Pape de ne pas prêcher comme il convient, puisque son prêche ne vous convient pas. Je vous trouve aussi bien péremptoire et directif : "Si le pape veut parler de ceci, qu'il parle d'abord de cela, conformément au code..." Qui est-ce qui a dit "la parole de Dieu n'est pas enchaînée", déjà?
    Pour la très dense contribution de M. Denis Merlin, je vais m'attacher surtout à son dernier paragraphe : la question de la liberté dans la spiritualité d'Ignace s'est construite en opposition avec la doctrine du "serf-arbitre" de Luther, et on a beaucoup confondu la règle propre à la Compagnie (le "perinde ac cadaver") et le doctrine des exercices spirituels, d'où de nombreux malentendus. Le fondement de la spiritualité ignacienne est de mettre la liberté qui nous est donnée aux services du prochain, "l'encadrement" jésuite des personnes étant surtout un soutien pour le discernement, pas pour l'action. Je ne vois donc pas de "risque" particulier dans l'esprit jésuite.

  • Pour répondre d'abord à la réponse de M.Daoudal à mon commentaire : les homélies du Saint-Père sont disponibles sur le site du Vatican, choisissez-en une, je tâcherai de vous en rendre visible le plan, selon mes faibles moyens... Je ne vous accuse pas de ne pas savoir "lire", mais peut-être attendez-vous du Pape certains mots, certaines formules et procédés, ou certaines idées pour vous (seul)essentielles, et apparemment vous ne les trouvez pas. Ce n'est pas suffisant pour reprocher au Pape de ne pas prêcher comme il convient, puisque son prêche ne vous convient pas. Je vous trouve aussi bien péremptoire et directif : "Si le pape veut parler de ceci, qu'il parle d'abord de cela, conformément au code..." Qui est-ce qui a dit "la parole de Dieu n'est pas enchaînée", déjà?
    Pour la très dense contribution de M. Denis Merlin, je vais m'attacher surtout à son dernier paragraphe : la question de la liberté dans la spiritualité d'Ignace s'est construite en opposition avec la doctrine du "serf-arbitre" de Luther, et on a beaucoup confondu la règle propre à la Compagnie (le "perinde ac cadaver") et le doctrine des exercices spirituels, d'où de nombreux malentendus. Le fondement de la spiritualité ignacienne est de mettre la liberté qui nous est donnée aux services du prochain, "l'encadrement" jésuite des personnes étant surtout un soutien pour le discernement, pas pour l'action. Je ne vois donc pas de "risque" particulier dans l'esprit jésuite.

  • Si mes souvenirs sont bons je crois bien que c'est dans les Exercices que le retraitant est invité à rendre à Dieu la liberté qu'Il nous a donnée. Il doit lui en faire hommage (sauf erreur, car je n'ai pas le temps de vérifier de plus la lecture de saint Ignace me glace).

    J'ai un souvenir cauchemardesque, qui me poursuit encore, de ces retraites en cinq jours.

    En revanche, je suis un fervent lecteur de Dignitatis humanæ, qui est, comme je crois les papes Jean-Paul II et Benoît XVI l'ont enseigné, un texte fondamental dont on n'a pas encore tiré toutes les conséquences, loin de là. Il me semble que François ne tient aucun compte de ce texte dans son gouvernement de l'Église. Paradoxalement, il semble faire fi de la liberté des fidèles. Son caporalisme, très années 50-60-70 est inquiétant, mais obsolète par rapport aux avancées du règne de Benoît XVI.

    Cela dit, cher Nicolas, merci de m'avoir répondu et merci de votre appréciation élogieuse.

  • C’est vous qui, reprenant le mot du pape, avez parlé de kérygme, ce n’est pas moi. Il ne s’agit donc en rien des « idées » que j’aimerais voir exposées par le pape. Le kérygme n’a rien de subjectif, c’est au contraire ce qui est le plus objectif, et il a un contenu précis. En gros c’est cela :
    Jésus-Christ a été crucifié, est ressuscité, nous en sommes témoins, il est monté à la droite du Père, repentez-vous, recevez le baptême pour la rémission de vos péchés.

    Ce n’est donc ni à moi ni à vous de chercher dans les homélies du pape ce qui pourrait correspondre à ce que vous croirez y trouver concernant le kérygme : cela y est, ou n’y est pas.

    Enfin, il devrait être évident que je n'oppose pas mes idées personnelles aux propos du pape. Ce serait infantile.

    Contrairement à ce que dit François, l'Eglise n'a pas des "opinions", elle a une doctrine, qui lui vient du Seigneur Dieu.

  • Je vous remercie de votre réponse, il m'apparaît grâce à elle que nos convergences sont plus fortes que nos oppositions : je vous rejoins tout à fait sur ce que vous dites sur le kérygme. Si je n'ai pas été clair sur ce point, pardonnez-moi. Mais il me semble que François est lui, dans l'extrait que vous citez, d'une parfaite clarté, (et même s'il n'a pas employé le mot, c'est lui qui a parlé de kérygme en parlant "d'annonce du salut") et je ne vois toujours pas ce que vous avez pu trouver à redire sur les propres homélies du pape.
    Je pense que si l'Eglise n'a pas, comme vous dites, des "opinions", mais qu'elle a un Magistère. Que par ce Magistère, elle est gardienne de la Doctrine, qu'elle est chargée de rendre vivante pour les fidèles.

  • " Même si, par la maîtrise de soi, notre colère n'est pas extérieurement exprimée ou n'est pas entendue par celui qui l'a provoquée, elle est toujours un péché, car elle nuit à notre âme et à notre cœur. C'est une action contre soi-même, sous la tentation du Diable que d'être en colère."

    http://orthodoxologie.blogspot.fr/2013/09/pere-gheorghe-calciu-la-colere.html

  • Demandez-vous ce que veut dire "ira Dei" (la colère de Dieu), et "irascimini, et nolite peccare": mettez-vous en colère et ne péchez pas (psaume 4).

    Toute passion (plus exactement l'énergie de toute passion) peut être vertueuse ou peccamineuse. Les pères ont montré que ce peut être un péché de NE PAS se mettre en colère quand il y a lieu. Reportez-vous à saint Thomas d'Aquin qui a synthétisé tout cela.

  • Ce Pape est une grâce pour l'Eglise contrairement à ce que vous pensez et écrivez. Il met la miséricorde et l'amour en premier. Comme l'a fait le Christ. Il vous surprendra encore lors de son voyage à Assise... Tous les propos du Pape François témoignent de l'amour de Dieu et du Salut éternel pour l'homme. Vous proclamez une morale de l'interdit alors que le Pape François proclame une morale du bonheur ! Voilà la différence entre lui et vous.

  • Le Pape ne parle pas d'abandonner la lutte pour la vie ou pour le mariage. Il dit que ce ne sont pas des sujets d'homélies. Personnellement, je n'ai jamais entendu une homélie prendre pour sujets de tels thèmes, même comme thème accessoire ou incident.

  • Un retour en arrière, des paroles dans le sens du vent, un clone d'un politicien américain en campagne (on serre la main à tout le monde, on interpelle...) en très peu de temps Benoit XVI est regretté. La langue de buis est de retour. Maintenant, la seule question sur "l'évêque de Rome" est la suivante : divague t'il dans la Foi et les Mœurs ? A cette réponse on saura tout de "l'évêque de Rome".

  • François revient à juste titre à une stricte conception post conciliaire sur le rite ancien. L'usage de l'ancien missel ne doit pas être plus qu'une concession faite aux nostalgiques.

  • Non seulement votre propos est une provocation sur mon blog, mais en outre et surtout il est contraire à la loi de l'Eglise telle qu'elle est exprimée dans Summorum Pontificum, conformément à la tradition.

  • Cher M. Daoudal, il me semble qu'il y a parfois de la provocation dans vos propos aussi... Certaines lois de l'Eglise peuvent et doivent changer... Le problème du rite ancien est un problème finalement français et secondaire pour l'Eglise universelle de demain. En tous les cas, je trouve votre blog très intéressant et utile, sachez-le

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