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17e dimanche après la Pentecôte

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus cite le premier verset du psaume 109 : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : siège à ma droite, jusqu’à ce que j’aie fait de tes ennemis un escabeau sous tes pieds. »

On constate que le texte du psaume selon Jésus est notablement différent de ce que l’on peut lire dans les traductions modernes du psaume 109 (numéroté 110), tant dans les Bibles que dans la néo-liturgie.

D’où l’inévitable alternative :

Ou bien Jésus ne connaissait pas bien les psaumes.

Ou bien ce sont les traductions modernes qui sont fautives.

A votre avis ?

La citation que fait Jésus du psaume 109 est mot pour mot ce que l’on peut lire dans la version grecque des Septante, et (donc) aussi dans la Vulgate.

Autrement dit, Jésus authentifie la liturgie grecque et la liturgie latine traditionnelle.

Il y a autre chose ici à remarquer. Le premier mot du psaume, en hébreux, est YHWH, le tétragramme sacré, le Nom de Dieu. C’était l’occasion pour Jésus de nous révéler comment on doit le prononcer, ou ce qu’on doit en faire.

Eh bien il le fait, en donnant la version liturgique du psaume : YHWH se dit Seigneur : Kyrios, Dominus.

Ce faisant, il condamne ceux qui prétendent, non seulement connaître les psaumes mieux que lui, le Verbe de Dieu, mais prétendent en outre vocaliser le Nom imprononçable.

(Ceux qui me suivent depuis longtemps auront l’impression d’avoir déjà lu ces lignes. En effet, je les ai déjà publiées, en 2007. Mais il me paraît important de répéter, même si c’est dans le désert, que Jésus citait les psaumes et les prophètes dans le grec de la Septante, et qu’il est donc totalement illégitime de se référer à un prétendu texte hébreu original qui n’existe pas. Tant pour l'Ancien que pour le Nouveau Testament.)

Commentaires

  • Je doute que NSJC ait cité la Septante aussi précisément que vous l'affirmez, M. Daoudal : 1° La langue la plus parlée à son époque était l'araméen, les Evangiles nous rapportent d'ailleurs que lors de la crucifixion, quelques-uns de ceux qui était là ont fait un contresens sur le 1er verset du psaume 22 (Matthieu XXVII, 46-47). Je ne vois pas Jésus s'adressant aux foules dans une langue connue simplement d'une élite. 2° La traduction grecque de la Septante était rejetée (et l'est toujours) par les rabbins orthodoxes : il est probable que pour Jésus le grec était l'équivalent de l'anglais d'aéroport aujourd'hui, une langue de commerce, pas de liturgie. 3° Vous dites que le texte hébreu original n'existe pas, il existait bien pourtant pour saint Jérôme, qui précisait dans les notes de sa traduction s'il se référait aux textes grecs ou aux textes hébreux . Les luthériens n'admettent pour authentiques que les textes hébreux de l'Ancien Testament, donc il faut bien que cet original existe. 4° Je vous rappelle en toute fraternité qu'il ne sert à rien de filtrer le moucheron si c'est pour gober le chameau, ainsi que vous le faites. Croyez à mes prières pour que vous trouviez la paix dans la pleine union avec l'Eglise de Rome, placée par l'Esprit-Saint sous la garde du Pape François, seul véritable gardien du véritable dogme catholique.

  • Non seulement le texte de la Septante n'était pas rejeté par les rabbins, à l'époque de Jésus, mais c'était le texte courant de la Bible. C'est pourquoi la plupart des citations de l'Ancien Testament que l'on trouve dans le Nouveau sont des citations de la Septante. Parmi les rares exceptions il y a en effet la poignante citation du début du psaume 21 par Jésus sur la Croix, qui au moment de mourir utilise sa langue maternelle.

    Demandez-vous pourquoi les derniers textes de l'Ancien Testament sont en grec, alors qu'ils étaient écrits par des juifs pour des juifs.

    La Septante fut la traduction d'un texte hébreu authentique. L'Ancien Testament de la Vulgate fut la traduction (par saint Jérôme) d'un texte hébreu authentique présentant des variantes par rapport à celui de la Septante.

    La Septante était devenue la Bible juive. Mais les évangiles et les épîtres, puis les premiers commentateurs chrétiens, montraient tout ce qui dans l'Ancien Testament, donc dans la Septante, annonçait le Christ. Alors les rabbins commandèrent d'autres traductions (Aquila, Symmaque) qui gommeraient ou atténueraient au moins les prophéties christiques. Puis ils s'employèrent à mettre au point leur Bible hébraïque (le texte massorétique), qui fut publiée aux IXe-Xe siècles, après avoir détruit tous les manuscrits qu'ils pouvaient trouver. C'est pourquoi je dis qu'aujourd'hui il n'existe pas de texte hébreu original. En dehors, pour être précis, des fragments qu'on a retrouvés à Qumran: or il est notable que le seul manuscrit hébreu complet qu'on ait retrouvé à Qumran est celui d'Isaïe, et qu'il est plus proche de la traduction de la Septante que du texte hébreu massorétique.

  • Il me semble que l'élite de Palestine, même juive, à l'époque de Jésus, était très héllénisée, et que l'hébreu des Écritures n'était déjà plus pour la majorité des juifs la langue usuelle. Le rappel sur la traduction de ce psaume est toujours très utile et la traduction traditionnelle ne paraît pas choquante par rapport à une réalité historique.
    luthériens (que l'on ne dit plus "hérétiques" politiquement correcte oblige) avaient tout intérêt à se justifier par une "nouvelle traduction" qui elle aurait été authentique car tirée de l'hébreu et non pas ce qu'avait enseigné l'Eglise depuis toujours. Ce n'est pas parce que le luthérianisme dit qu'il est le retour à "l'authenticité" que c'est "vérité d'Evangile".
    Aujourd'hui cette position sert aussi à un "oecuménisme" à la mode, les catholiques doivent "se pâmer" devant les découvertes et interprétations "forcément" bonnes du protestantisme.
    L'on peut continuer à être sceptique, il me semble, d'où l'intérêt d'article comme celui de M. Y. Daoudal

  • Monsieur Daoudal, M. c, ne croyez pas que je rejette les livres grecs de l'ancien testament (je serais très malheureux sans la Sagesse et le Siracide). M. Daoudal a bien sûr raison sur ce point : il est impossible de certifier que la Bible hébraïque n'ait pas subi aux cours des siècles de nombreuses modifications et altérations. Je reste sceptique sur le fait que la Septante soit par elle-même plus conforme à l'hébreu original. Je concède également à M. Daoudal que la Bible grecque était répandue et pratiquée dès le premier siècle : il est plus que probable que l'eunuque dont il est parlé dans les Actes (celui que baptise le diacre Philippe) lisait Isaïe dans la version grecque. Mais la Bible grecque était surtout lue par les prosélytes, les "adorateurs de Dieu"(qui ne pratiquaient pas tous les rites juifs). Il semble que dès cette époque les rabbins orthodoxes (très soucieux de préserver la pureté de la loi mosaïque) aient montré de la méfiance pour les écrits grecs, lorsqu'il a été question de fixer le canon de la Bible juive à Jammia. Pour ce qui regarde les manuscrits de la Mer morte, je considère qu'ils ont un intérêt plus archéologique que philologique-mais je reconnais ne m'être pas trop inquiété des problèmes qu'ils ont soulevé (ou pas) chez les biblistes. A mon estime, il est vain de prétendre que le Bible hébraïque n'a pas été conservée sous sa forme originelle, sauf quelques versets qui ont dû subir des erreurs de copistes. Mais peut-être n'ai-je pas bien compris vos arguments...
    Pour ce qui est de la Bible de Luther, je dirais simplement que lui pardonne beaucoup à cause de la Musique de Bach.
    Je voudrais aussi avoir votre opinion, M. Daoudal, sur la nouvelle Vulgate promulguée par Jean-Paul II au début de son pontificat. Pensez-vous qu'elle puisse entrer en contradiction avec les livres liturgiques latins d'avant le Concile ?

  • Si les derniers textes de l'Ancien Testament furent écrits en grec, c'est bien parce que les juifs pieux ne comprenaient plus l'hébreu mais parlaient parfaitement le grec de la koinè. (C'est même pourquoi le petit-fils de Ben Sira a traduit en grec le livre de son grand-père, dont la version originale en hébreu a tout simplement disparu - même si on en a retrouvé d'importants fragments récemment.)

    Lorsque Jésus lit l'Ecriture à la synagogue de Nazareth, il lit Isaïe dans le texte GREC. Les deux versets cités sont très littéralement ceux de la Septante, version qui diffère de façon très significative du texte massorétique comme de la version latine établie par saint Jérôme qui est quasiment identique. Pour prendre un seul exemple, le texte lu par Jésus dit que le messie rendra la vue aux aveugles. Or cela ne figure ni dans la Vulgate ni dans le texte massorétique, mais seulement dans le texte grec de la Septante.

    Pour prendre un seul exemple de très claire falsification du texte authentique dans le texte massorétique: le verset 17 du psaume 21 (qui est absurdement le psaume 22 dans le texte massorétique et les traductions serviles). Dans ce verset 17 du grand psaume de la Passion, le Christ en Croix dit: "Ils ont percé mes mains et mes pieds". C'est ce qu'on lit dans la Septante. C'est ce qu'on lit dans les versions vieilles latines. C'est ce qu'on lit dans la Vulgate. C'est ce qu'on lit dans la version de saint Jérôme retraduite sur le texte hébreu. Et que dit le texte massorétique ? quelque chose qui ne veut rien dire: "comme le lion mes mains et mes pieds". Sic.

    Je pense que la néo-Vulgate n'est pas une Vulgate et ne devrait donc pas porter ce nom. Certes, le texte de base est celui de la Vulgate, mais il est tellement "corrigé" selon le texte massorétique qu'il est défiguré.
    S'il y a un texte qui mériterait d'être appelé "néo-Vulgate", c'est ce que l'on appelle la "Vulgate de Stuttgart" (première édition 1969, cinquième édition 2006) - Biblia sacra Vulgata, par Weber-Gryson. Car là il s'agit réellement de la Vulgate, dans une nouvelle édition critique (avec en note les principales variantes des principaux manuscrits).

    Je crois que la Bible de Luther est un monument de la littérature allemande, comme la King James est un monument de la littérature anglaise (By the rivers of Babylon... sublime). Bach ? Ses cantates sont sur des poèmes de son temps. En dehors des chorals. Mais il y a certes les Passions (en dehors des airs...). Et en effet c'est remarquable. Ou plutôt on voit simplement Luther coller au texte grec, littéralement, comme la Vulgate (c'est plus vrai encore pour Schütz, qui met en musique le seul texte de l'Evangile, et dont je suis les passions... dans ma Vulgate...).

  • Bonjour,

    Pardonnez-moi, je profite de ce fil sur les traductions pour m'interroger sur le lien vers la
    Bible Saci de votre site. On n'y trouve pas les livres deutérocanoniques, j'imagine qu'il s'agit d'un site protestant ?

    Il existe une autre édition en ligne (http://fr.wikisource.org/wiki/Bible_Sacy) qui donne ces livres manquants indirectement, via un lien.

    Les protestants seraient donc plus intéressés par une traduction faite sur la Vulgate que les catholiques ?

  • Je n'avais pas remarqué... En effet, en allant sur la page d'accueil on voit qu'il s'agit d'un site protestant... mais qui propose entre autres bibles toutes protestantes sauf Saci (dans doute digne d'être protestant puisque janséniste...) le dictionnaire de la Bible de dom Calmet...

    Je vais donc modifier le lien. Merci.

  • A mon avis, l'autre site est aussi protestant mais il donne au moins le reste des livres.

    Au passage, savez-vous si la Saci souffre ou non d'une tendance janséniste dans sa traduction. Est-ce que le jansénisme de Lemaitre de Sacy se ressent dans sa traduction ou bien est-ce que cette traduction est parfaitement catholique ?
    J'ai vu un imprimatur dans le lien que j'ai fourni mais j'ai des doutes.

  • Merci M. Daoudal pour vos réponses très précises; je vous rejoins totalement sur les beautés littéraires de la Luther et de la King James !
    Pour ce qui est de la Vulgate révisée après le Concile et promulguée par JP II (je parle de la version imprimée, celle disponible sur le site du Vatican est malheureusement bourrée de fautes de frappes, de mots oubliés, et d'un alignement des versets chaotique) je pense comme vous : on a sacrifié certaines beautés et certaines "profondeurs" (malgré d'évidents archaïsmes dans la version de Jérôme) au nom d'une fidélité à l'original assez discutable (quel original?): dans Isaïe par exemple, le "justitia in Charmel sedebit" devenu "iustitia in hortus". Le verset a nourri (peut-être sur un contresens) la spiritualité carmélitaine pendant des siècles (surtout si l'on considère l'importance du Prophète Isaïe dans cet ordre), et je n'arrive pas à me défaire de l'idée qu'on a réduit une montagne aux dimensions d'un jardinet.
    Par contre, au sujet du psaume proclamé par le Christ sur la croix, je trouve que les récents ajustements de la traduction latine sont bienvenus, "circumdederunt me vituli multi", pardonnez-moi !, mais "je suis entouré par une grosse bande de veaux", ce n'était pas acceptable (ça ferait pourtant une très bonne devise épiscopale pour un futur évêque...)
    Vous me pardonnerez encore de maintenir mon opinion au sujet de l'usage selon vous majoritaire voire exclusif de la Septante par Jésus. Je considère plutôt que le Christ et les Apôtres vivaient dans un monde où l'on parlait surtout l'araméen. Même s'ils devaient avoir, pour certains d'entre eux, une assez bonne connaissance du grec, je ne crois pas qu'ils le pratiquaient assez couramment pour citer la Septante.
    Selon moi (et quelques historiens que j'ai consultés), les juifs qui résidaient en Palestine lisaient lors des liturgies la Bible hébraïque et se faisaient expliquer les versets en araméen. L'usage de la Septante était surtout le fait des juifs d'Egypte et des prosélytes établis autour de la Méditerranée.
    Notez que dans l'évangile de Jean, les prosélytes qui demandent à voir Jésus (Domine volumus Iesum videre) s'adressent à André et Philippe, les apôtres qui portent un nom grec (Jn XII), et il semble bien que dans les Actes (VI, 1et suivants), l'établissement des sept diacres (hellénophones, tous ont des noms grecs) sert à suppléer les Douze (on peut conclure que les frictions dans les premières communautés, entre les juifs et les gentils, venaient aussi d'une différence de langue).
    Enfin, toujours dans les Actes, l'étonnement de l'officier d'entendre Paul parler grec... Tous ces éléments me portent à penser que l'entourage immédiat de Jésus (la primitive Eglise), et Jésus lui-même, ne pratiquaient pas le grec, ou du moins seulement comme langue commerciale, l'anglais de l'époque.
    Mais ne croyez pas que néglige l'importance et les beautés de la Septante! Je suis simplement heurté par ce que vous semblez affirmer : que la Bible en hébreu, bien qu'inspirée, soit fondamentalement périmée, cela me paraît peu défendable.

  • Monsieur Daoudal, merci pour votre excellente mise au point.

    Maintenant, je voudrais demander à Nicolas, pourquoi l'écriteau sur la croix du Christ était en trois langues : l'hébreu, le grec et le latin et pas en "araméen" ? (qui n'a jamais existé en tant que tel, mais est sans doute une invention de ceux qui détestent les langues sacrées. L'araméen aurait été un ensemble de dialectes ou de patois, dégradation de l'hébreux. Ces patois n'ont pas d'intérêt littéraire).

    Je voudrais aussi l'inviter à (re)lire le discours de Ratisbonne.

    http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2006/september/documents/hf_ben-xvi_spe_20060912_university-regensburg_fr.html

    Il y découvrira qu'il ne faut pas opposer la culture grecque à la culture juive. Leur osmose, leur confluence a commencé, selon le très regretté Benoît XVI, au moins au IIIème siècle avant Jésus-Christ, voire, selon moi, avant, bien avant. Les Grecs connaissaient la Bible et les Juifs appréciaient les aspects valables de la raison grecque. La Septante est le premier témoignage culturel de cette confluence de la foi biblique et de la raison grecque. Certains récits mythologiques grecs sont un démarquage de certains épisodes relatés dans les livres historiques de la Bible.

    Accessoirement, c'est pourquoi les imbéciles, comme ceux de la Nouvelle Droite et de leurs successeurs qui veulent n'admettre que la raison grecque, divaguent comme ceux qui veulent éliminer la culture grecque pour retrouver la "pureté de la foi" biblique. Deux erreurs symétriques.

    D'autre part pendant toute la période hellénistique, le grec était une langue non pas du commerce (quelle honte d'écrire cela !), mais la langue de la culture. Je n'ai pas la chance d'avoir étudié le grec ancien, mais il paraît que le grec ancien offre des plaisirs intellectuels que nulle autre langue ne peut offrir. Donc du temps de Notre-Seigneur, en Palestine, on parlait et écrivait le latin, évidemment, le grec, évidemment et l'hébreu était le langage de la liturgie (selon Bossuet), mais était une langue morte. C'est pourquoi vouloir ressusciter l'hébreu après environ 25 siècles est impossible puisque nous ignorons la prononciation de cette langue.

    Sur le tétragramme, que seul le Grand Prêtre prononçait une fois l'an, Benoît XVI a eu aussi des explications définitives que l'on doit pouvoir retrouver sur Internet. Quel crime avons-nous commis pour être privé des textes de Benoît XVI ? C'est à pleurer.

  • Bonjour Denis Merlin
    Je regrette de n'avoir pas visité ce blog depuis quelques jours, je constate que l'échange que j'avais commencé avec M. Daoudal a été l'occasion de contributions érudites et passionnantes.
    Je vous réponds donc un peu tard, je tiens tout de même à préciser que lorsque je qualifie le grec de langue commerciale (en tant que langue d'échange internationale) je ne méprise pas les qualités littéraires du grec. L'anglais du Wall Street Journal n'est évidemment pas le même que celui de Shakespeare, mais l'un n'empêche pas l'autre. La Palestine du 1er siècle était bien sûr cosmopolite et polyglotte, mais je maintiens, jusqu'à ce qu'on me démontre le contraire, que Jésus et les Douze n'étaient pas parfaitement polyglottes hébreu-grec-latin. Je crois que les propos du Christ ont été transposés de l'araméen (pour l'essentiel) au grec dans les évangiles -rédigés bien après la crucifixion et hors de la Palestine. Je ne cherche pas à défendre la Bible hébraïque au dépens de la Bible grecque, ce serait absurde. La question de la "langue d'origine" de l'annonce du Royaume est complexe. Je serai très heureux de vous soumettre quelques arguments que j'aie, si M. Daoudal veut lancer une discussion sur le sujet.

  • Jésus et Pilate se comprennent parfaitement bien sans traducteur et se parlent probablement en grec sinon mais c'est improbable en latin.
    Jésus parlait donc l'araméen,l'hébreu,le grec et peut-être aussi le latin.

  • "Jésus et Pilate se comprennent parfaitement bien sans traducteur et se parlent probablement en grec sinon mais c'est improbable en latin.
    Jésus parlait donc l'araméen,l'hébreu,le grec et peut-être aussi le latin."

    Magister dixit.

    Cher docteur Amédée, les latins ne faisaient pas l'effort d'apprendre les langues locales. Ils imposaient le latin. Manque de chance, personne ne parlait l'hébreu qui était une langue morte (comme le latin aujourd'hui).

  • Excellent Denis Merlin,Pilate,un haut fonctionnaire de l'empire romain parlait obligatoirement le grec et il a conversé avec Jésus dans cette langue,on peut à bon droit le supposer.
    L'araméen n'est pas un patois mais une langue à part entière proche de l'hébreu encore parlée aujourd'hui dans un village martyr de Syrie et c'était la langue maternelle de Jésus.
    L'hébreu ne pouvait être ignoré de Jésus comme langue sacrée et d'ailleurs à cette époque toute une classe cultivée et sacerdotale devait continuer à le parler couramment et le latin de nos jours n'est pas une langue morte et au surplus,c'est la langue de l'Eglise.
    L'idiome du Latium n'était pas inconnu de Jésus puisque que les légionnaires occupant la Palestine devaient l'employer couramment et que Jésus était à leur contact d'abord dans sa vie cachée comme charpentier et plus tard au cours de sa vie publique au cours de ses nombreux miracles comme dans celui du serviteur du centurion.
    Oui,mon opinion est que dans la Palestine de l'époque,ces quatre langues étaient employées à des degrés divers par des locuteurs différents.
    Que Jésus parle donc en grec en citant certaines Ecritures et qu'ensuite les explications puissent être données en araméen à un public populaire me paraît absolument crédible et de la même façon de l'hébreu.

  • Vos sources ? Le dernier écrivaillon moderniste, c'est ça ? Je l'ai entendu celle-là que Jésus ne parlait que l' « l'araméen » et ignorait le grec et le latin (et l'hébreu sans doute pour faire bonne mesure). Jésus était un illettré ? Le groupe apostolique communiquait en « araméen », mais bien sûr. Comme saint Paul sans doute. Ils avaient tous besoin d'un traducteur lorsqu'ils écrivaient les textes qui nous sont parvenus en grec. Mais bien sûr.

    Moi, je m'appuie sur la Bible, la déportation à Babylone, le récit de la Passion, Bossuet, le discours de Ratisbonne. L'hébreu fut une langue morte de la déportation de Babylone à nos jours. Selon vous, les Romains ne parlaient pas latin et l'hébreu était une langue vivante au premier siècle et vous assénez cela doctoralement. Quand on en est là, ce n'est plus la peine de discuter. Je ne discuterai donc pas avec vous.

  • A Denis Merlin.
    l'hébreu n'a jamais été une langue morte au cours des siècles;elle a toujours eu des locuteurs parmi les juifs pieux et notamment les cabalistes,une petite minorité certes,c'est ce que j'ai écrit et rien d'autre.
    J'ai dit que les Romains parlaient latin et grec aussi pour les les lettrés et les fonctionnaires,rien d'autre.
    Quant à l'araméen,ce n'est pas un patois mais une langue à part entière et c'est la langue maternelle du Christ du moins dans son dialecte galiléen.
    Tout laisse supposer que Jésus possédait quatre langues:l'hébreu,l'araméen,le grec,le latin.
    Question de bon sens et du raisonnable.

  • Pilate parlait le grec évidemment, comme tous les "fonctionnaires et lettrés" du monde romain, et même les rustiques légionnaires en avaient des éléments surtout quand ils étaient affectés dans la zone orientale de l'empire.
    Malheureusement les faits historiques sont "distordus" pour servir l'idéologie du relativisme ou le manque de conviction. L'on introduit le faux d'une manière très subtile dans les mots.
    L'on voit un exemple parfait de cette subversion dans la traduction moderne du Pater et après un demi-siècle d'hérésie enfin vient d'arriver une traduction qui est plus correcte. Incroyable! Pourquoi pendant cinquante ans ne pas avoir admis celle que les catholiques non "modernistes" n'avaient jamais cessé d'utiliser?
    Cui prodest?

  • A Amédée

    Denis Merlin a raison sur le fait que l'araméen était un groupe de dialectes. C'est la raison pour laquelle il a presque disparu, un peu comme le Breton en Bretagne. D'une région à l'autre on ne se comprenait pas et l'on utilisait donc une autre langue - notamment le grec au Proche Orient - et le français en Bretagne.

    L'arabe s'est imposé, pas seulement ni forcément par la violence, mais parce que c'était une langue unique et unitaire.

    C'est bon pour les touristes de dire qu'à Maaloula on parle "la langue du Christ", mais c'est une lointaine approximation. Le "néo-araméen occidental", qu'on ne parle plus qu'à Maaloula et dans deux ou trois villages environnants ("néo" veut dire que ce n'est pas la langue d'il y a 2000 ans), et qui est différent du"néo-araméen oriental" encore parlé dans des communautés assyro-chaldéennes, et différent du très rare "néo-araméen central" de Turquie, n'était pas, dans sa version d'il y a 2000 ans, le même dialecte qu'en Galilée (qui ne devait pas être exactement le même qu'à Jérusalem - cf. saint Pierre et les servantes du grand-prêtre).

  • A Quaerere Deum.

    Je ne connais pas assez bien la Bible de Saci pour savoir si elle a quelque chose de janséniste. Ça me fait penser à la traduction des hymnes du bréviaire par Racine: là il y a une influence janséniste, mais à part un vers où c'est manifeste, il faut quand même bien la chercher...

    Ce que je connais vraiment, c'est sa traduction des psaumes. Traduction dont se sont inspirés (quand ils ne la recopient pas tout simplement) tous les traducteurs suivants. Ma surprise a été de constater que dès qu'il y a une difficulté (et parfois là où il n'y en a pas), Saci recourt à la version massorétique ! (Et donc aussi ses successeurs, et plus que lui...).

    Je viens de lire la note préliminaire de wikisource, qui indique que l'édition de 1855 ne comportait pas les textes deutérocanoniques. Ils n'ont donc pas été volontairement supprimés par le site que je mettais en lien.

  • Merci de ces précisions.

  • Douadal,je conçois bien que l'araméen parlé aujourd'hui et scindé en plusieurs tronçons soit très différent de l'araméen parlé au temps du Christ,la langue comme toutes les langues ayant subi une évolution;j'admets aussi que le galiléen devait être un dialecte particulier de cet araméen antique;n'empêche que l'araméen moderne est la langue la plus proche de la langue du Christ,sa langue maternelle,les premiers mots qu'un enfant entend de sa mère et que toute la population de la Palestine d'alors l'avait comme langue vernaculaire,indigène,quotidienne.
    Le Christ ne s'exprimait pas habituellement en grec,ni en hébreu mais en araméen,dialecte galiléen,c'est mon opinion et je ne suis pas le seul à l'avoir.Quand Mel Gibson a réalisé son film,la Passion du Christ,tous les acteurs s'exprimaient en araméen et pour moi,c'était vraiment un enchantement.
    Daoudal,le breton n'a pas disparu en Bretagne et je suis étonné de vous lire à ce sujet;c'est vrai qu'il a subi un lent recul devant le français et que ce phénomène s'est encore accélérè depuis les années 50 mais enfin,il est toujours là et heureusement et je dirais qu'il reprend du poil de la bête et malgré de notables différences suivant les régions historiques,ceux de Vannes comprennent ceux de Brest;il existe d 'ailleurs une prodigieuse littérature bretonne bien méconnue;un jour,tout à fait par hasard,j'ai ouvert le cours élémentaire de breton par Roparz Hemon et ce fut comme un enchantement de découvrir cette langue sortie d'un passé fabuleux avec ses mutations consonantiques entre autres et surtout cette façon de penser le monde si originale.
    Pour en revenir à Jésus,dans mon esprit,il est hors de doute qu'il connaissait l'hébreu et le parlait aussi avec au moins la classe sacerdotale;cette langue n'était pas morte au point de n'être plus parlée par les prêtres et au cours des siècles,jusqu'à l'hébreu moderne qui est la langue de l'état d'Israël,elle a toujours été parlée par une petite minorité y compris dans la Palestine des croisés.Notamment ,tous les cabalistes la connaissaient.On pourrait éventuellement développer.
    Quant au grec,en quelle langue a lieu le dialogue avec Pilate sinon en cette langue?Pilate,haut fonctionnaire parlait obligatoirement comme je l'ai écrit le grec et ne connaissait ni l'hébreu,ni l'araméen.On a donc le choix entre le grec et le latin si Jésus connaissait cette langue.
    Et prétendre que Jésus parlait le latin n'est pas si farfelu que ça!Je pose une question:si les Allemands occupaient toujours la France en 2013 suite à notre défaite de 40,une large partie de la population par nécessité comprendrait certainement la langue de Goethe?

  • Excellent commentaire, cher M. Daoudal.

    Permettez-moi de vous conseiller la traduction de la Vulgate par le P. Fillon, excellente, que l'on trouve en ligne.

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