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La Corée du Nord toujours plus ubuesque

La presse coréenne (du sud) et chinoise fait état de modifications apportées aux « 10 principes pour l’instauration du système d’idéologie unique » qui régissent tout en Corée du Nord. Ces 10 principes du « parti des travailleurs » ne sont guère que dix variations sur l’obéissance absolue que tout Coréen doit au grand chef Kim Il-sung. Mais ils se déclinent en 65 clauses qui définissent concrètement cette obéissance.

Les 10 principes avaient été modifiés lors de l’accession au pouvoir de Kim Jong-il, en 1994 : on avait ajouté son nom à celui du grand chef Kim Il-sung, devenu président éternel.

Il fallait donc aussi que le nouveau chef, Kim Jong-un, modifie le texte à son tour. Il n’ajoute pas son nom à celui de son père et de son grand-père : il instaure officiellement un pouvoir héréditaire : la deuxième clause de l’article 10 dit désormais que le parti et la révolution seront « éternellement » portés par « la lignée de Paektu ». Paektu (ou Baekdu) est le nom de la plus haute montagne de Corée, où est né le peuple coréen, « en 2333 » avant Jésus-Christ. C’est au sommet de cette montagne que Kim Il-sung a élaboré son idéologie. C’est au sommet de cette montagne qu’est né Kim Jong-il, « envoyé par le ciel », et même « né du ciel », et donc appelé « Etoile brillante du Mont Paektu ». A la mort de Kim Jong-il (en 2011), a rapporté la presse de Corée du Nord, la glace du lac Chon, sur le Mont Paektu, s’est brisée dans un bruit assourdissant, déclenchant une terrible tempête de neige. Puis la tempête s’est arrêtée brusquement, laissant le soleil levant illuminer le sommet enneigé. Alors « la signature de Kim Jong-il est apparue sur la montagne, indiquant “Mont Paektu, montagne sacrée de la révolution” ». Kim Jong-un est lui aussi un « envoyé du ciel », et il est né au pied du Mont Paektu. La lignée de Paektu est donc la famille Kim.

D’autre part, toute référence au socialisme et au communisme a été supprimée, comme cela avait déjà été fait dans la Constitution en 2009. Car la seule référence idéologique doit être coréenne : c’est la pensée du président éternel Kim Il-sung, autrement dit l’idéologie Juche (Djoutché), qui n’est rien d’autre que le marxisme-léninisme auquel s’ajoutent l’autarcie, un militarisme exacerbé, et le culte de la famille Kim.

Les 65 clauses des 10 Principes ont été réduites à 60. Il y en a toutefois une nouvelle : la « force nucléaire » est « la colonne vertébrale du pouvoir militaire et de la solidarité économique de la nation ».

Ce qui n’est pas rassurant, surtout après les rodomontades du printemps dernier sur ce chapitre.

En outre, l’une des clauses dénonce désormais « les bourgeois qui trafiquent en devises étrangères », ainsi que « le factionnalisme, le régionalisme et le familisme » (étant donné que selon l’idéologie officielle la Corée du Nord est « une seule famille »).

Ci-après les "10 Principes".

1. Nous devons tout donner dans la lutte pour unifier la société entière avec l’idéologie révolutionnaire du Grand Chef Kim Il-Sung.

2. Nous devons honorer le grand camarade Kim Il-Sung avec toute notre loyauté.

3. Nous devons rendre l’autorité du grand camarade Kim Il-Sung absolue.

4. Nous devons faire de l’idéologie révolutionnaire du grand camarade Kim Il-Sung notre foi et faire de ses instructions notre credo.

5. Nous devons respecter strictement le principe d’obéissance inconditionnelle, en réalisant les instructions du grand camarade Kim Il-Sung.

6. Nous devons renforcer l’ensemble de l’idéologie, la volonté et l’unité révolutionnaire du Parti, en se concentrant sur le grand camarade Kim Il-Sung.

7. Nous devons apprendre des leçons du grand camarade Kim Il-Sung et adopter le style communiste, les méthodes de travail révolutionnaires ainsi que une méthode de travail centrée sur le peuple.

8. Nous devons valoriser la société que Kim Il-Sung nous a donnée, et récompenser loyalement sa grande confiance et sa prévenance à travers une prise de conscience et des compétences politiques accrues.

9. Nous devons établir des règles organisationnelles fortes afin que l’ensemble du Parti, la Nation et le mouvement militaire soient un sous la seule direction du grand camarade Kim Il-Sung.

10. Nous devons transmettre aux générations à venir la grande réussite de la Révolution de la part du grand camarade Kim Il Sung, l’intégrer puis l’accomplir jusqu’à son terme.

*

Les Coréens du Nord doivent connaître par cœur les 10 principes et les (désormais) 60 clauses.

L’une de ces clauses est une terrible illustration du marxisme-léninisme extrémiste de l’idéologie dite Juche. Elle édicte que les citoyens doivent faire en permanence leur examen de conscience pour vérifier s’ils sont bien dans la ligne, et doivent participer activement aux réunions d’évaluation, tous les deux jours, et tous les quinze jours, dans lesquelles les instructions du grand chef et les politiques du parti sont utilisées comme critères pour établir des normes politiques et idéologiques élevées pour l’évaluation de leur travail et de leur vie, réaliser les luttes idéologiques par la critique, forger les idéaux révolutionnaires et se perfectionner continuellement par la lutte idéologique…

Commentaires

  • Aussi sidérant que terrifiant !

  • C'est ubuesque,ce n'est pas terrifiant;ce qui est terrifiant par contre,ce sont les USA et leur dérive totalitaire.

  • Humm... Je pense que si vous y étiez vous seriez terrifié. Car c'est authentiquement un régime de terreur.

  • Nous sommes bien d'accord,l'ubuesque est aussi terreur mais la Corée du Nord n'influe pas sur les destinées du monde alors que ce régime totalitaire qui s'abat sur les USA et dont beaucoup n'ont encore aucune idée est bien notre avenir.
    Un avenir antichrétien.

  • Il est dérisoire de mettre sur le même plan les Etats-Unis et la Corée du Nord. Les catholiques peuvent prier aux Etats-Unis, la pratique religieuse y est libre. Les américains, au moins dans les Etats conservateurs sont beaucoup croyants que les européens, c'est triste à dire mais vrai ; et la défense de la vie y est beaucoup plus énergique qu'en France. De plus, pour penser juste, il faut utiliser le mot juste ; or, le mot totalitaire a un sens bien précis : parti unique, éducation unique, embrigadement de la jeunesse et de la population, pensée unique, terreur et camps de concentration.

    Il est risible de dire que les Etats-Unis sont totalitaires ou en dérive totalitaire. Sans parler de la liberté d'expression, l'éducation y est plus libre qu'en France. Le fait que les agences de sécurité surveille la population est normal et inévitable ; ceci est pratiqué dans tous les pays du monde. Mais cette surveillance y est critiquée vivement alors que dans un régime totalitaire, la critique est interdite. Les mots ont un sens. Je suggère à ceux qui ne savent pas faire la différence entre un régime totalitaire et un régime démocratique de faire un stage en Corée du Nord ou en Arabie Saoudite (et si cela était possible de remonter dans le temps pour vivre en 1952 dans l'URSS de Staline ou en 1942 dans l'Allemagne d'Hitler). Dans ces étouffoirs de l'intelligence, ils verront que la liberté, même dans un régime décadent, est un bien précieux préférable au totalitarisme.

    Il n'y a pas de régime totalitaire aux Etats-Unis. Ce pays a souvent une politique très souvent désastreuse, mais pas toujours. Globalement, ils défendent bien leurs intérêts et c'est légitime. Les régimes les plus antichrétiens de l'histoire sont les régimes communistes, nazis et islamistes, de très très loin. Et leur antichristianisme fait des morts ; on y tue les chrétiens parce que chrétiens. Rien de tel aux Etats-Unis. L'Amérique est parfois critiquable mais l'antiaméricanisme est le (faux) nationalisme des imbéciles. Elle a globalement les mêmes problèmes que l'Europe, quoique moins marqué par le socialo-communisme et les dérives totalitaires, inventions européennes nées en Russie et en Allemagne.

    L'américanisation culturelle est regrettable et la politique étrangère américaine est parfois désastreuse (encore que globalement bénéfique pour un pays qui reste grâce à elle la première puissance du monde) mais il ne faut pas se laisser contaminer par l'antiaméricanisme que la nouvelle droite néo-païenne a fortement contribué à diffuser dans l'opinion de la droite de conviction car l'Amérique n'est pas le problème de la France. Le problème de la France c'est l'idéologie révolutionnaire de gauche qui depuis deux siècles la détruit associé maintenant et conséquemment à son islamisation.

    Et à tout prendre, si l'immonde régime nord-coréen était renversé, et libéré le pauvre peuple nord-coréen ce serait une bonne chose (sans provoquer une guerre, on pourrait faire plus). Pauvres nord-coréens, qui dans l'indifférence du monde, souffrent de la famine et de la terreur d'Etat depuis des décennies, qui sont envoyés dans des camps de concentration, dont on lave le cerveau dès l'enfance. Quel manque de compassion et quelle tristesse de ne pas supporter qu'on critique ce régime et de faire une fixette sur l'Amérique... La gauche au pouvoir dans le monde culturel (celui qui compte le plus au final), a de beaux jours devant elle...

  • P.R,informez-vous sur les USA et visitez notamment les sites catholiques qui vous décrivent parfaitement l'Amérique d'Obama,après comme on dit,on causera.

  • la dictature, c'est : "ferme ta gueule", la démocratie, c'est : "cause toujours"; ce n'est malheureusement pas seulement une plaisanterie, et l'Amérique d'Obama comme la France de Hollande en sont des illustrations; c'est d'autant plus angoissant que les peuples européens ont une tendance marquée à adopter les modes américaines, même quand elles sont nées dans un contexte absolument différent, et que les Américains n'hésitent pas à imposer leurs mœurs ou leurs intérêts commerciaux par la force, fusse au prix de mensonges avérés ou tout au moins à essayer (exemple de l'Irak, ou, pire, de la Libye qu'ils ont détruite par l'intermédiaire de notre armée, plus anciennement du Cuba espagnol, de Porto Rico et des Philippines, sans parler de l'annexion de la moitié du Mexique qui leur crée enfin le problème hispanique, par un juste retour des choses)

  • Vous avez raison mais en plus avec Obama l'Amérique a franchi un nouveau seuil.

  • Cher Yves Daoudal,
    Vous avez raison de dire que la RPDC ne se réfère plus au communisme. C'est exact, mais je me permets aussi de vous corriger sur un point fondamental. Vous dîtes que le Djoutché (idéologie de Kim Il Sung) n'est rien d'autre que le marxisme-léninisme...
    Pour connaître un peu la question, je ne suis pas d'accord pour parler de marxisme-léninisme concernant le Djoutché. Ce dernier introduit clairement des éléments étrangers au marxisme-léninisme, à commencer par le rôle directeur du chef. Pour Marx, c'était les masses qui faisaient les travailleurs, même s'il n'exclut pas la dictature du prolétariat (en revanche, le centralisme démocratique est plutôt imputable à Lénine et à ses affidés): le "père" de trèves aurait été mal à l'aise avec le culte du chef qui reste important dans le Djoutché. Je préfère parler de nationalisme, de despotisme ou, tout simplement, de dictature (sans que ce terme ne soit péjoratif) concernant la RPDC. A Pyongyang, on peut trouver les oeuvres de Kim Il Sung, de Kim Jong Il, mais Marx est introuvable. Dès les années 1950, la RPDC a opté pour un régime à part, certes autarcique, mais nullement réductible à ce que l'on a vu en Europe de l'Est. Dès sa mise en place, la RPDC a fait le choix d'un système à part. Elle a clairement exclu l'imitation des modèles étrangers. Kim Il Sung s'est très rapidement méfié des "gauchistes", qui rêvaient d'un parti peu ouvert aux masses. Les gens imaginent que les caractéristiques sont, toutes proportions gardées, celles de l'Albanie communiste (elle a défendu le maoïsme jusqu'à la moëlle). Or, la RPDC, aussi autoritaire et verrouillée soit-elle, n'a jamais officiellement professé le marxisme-léninisme.

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