Alors que pour mener une vie toute céleste, il s'était retiré dans la solitude du Monte Vergine, bientôt l'éclat de ses remarquables vertus attira sur sa personne les regards et les pensées des habitants du voisinage, et entraîna plusieurs prêtres à s'adonner sous sa direction avec plus d'ardeur au service de Dieu. Aidé par les ressources fournies par des bienfaiteurs, il construisit, sur la montagne, sur les ruines d'un temple païen, une petite église dédiée à la Mère de Dieu. Ensuite, sachant que c'était la volonté de Dieu, il parcourut les régions de l'Italie du Sud pour y répandre l'Evangile du Christ, consolant et secourant par des bienfaits surnaturels les pauvres et les humbles, rappelant les riches et les puissants à la pratique des préceptes évangéliques et devint célèbre par sa réputation de thaumaturge. Il établit plusieurs monastères, parmi lesquels la célèbre abbaye du Saint-Sauveur, et surtout, il jouit d'une grande autorité et faveur à la cour de Roger, roi des Normands [à Salerne].
Les moines de l'abbaye de Monte Vergine reçurent de leur saint fondateur cet héritage de vertus et de bienfaits et, ayant embrassé la règle de saint Benoît, le transmirent à ceux qui vinrent après eux. A travers les diverses péripéties de huit siècles d'histoire, le nombre de couvents de cette congrégation religieuse s'éleva jusqu'à la centaine et les fils de saint Guillaume, se souvenant de cette maxime ora et labora (prie et travaille), fournirent de très nombreux témoignages de leur piété et de leur activité, et vinrent en aide par de multiples secours, tant religieux que matériels, aux populations de la basse Italie et de la Sicile.
En 1807, sous la domination française, toutes les autres maisons de ces moines ayant été supprimées, seule subsista l'abbaye de Monte Vergine, qui devait conserver très religieusement les reliques et les exemples de son fondateur. Léon XIII, la seconde année de son pontificat, réunit d'autorité la famille des moines de l'abbaye de Monte Vergine à la congrégation bénédictine du Mont-Cassin de la primitive observance. Assurément, les nouveaux religieux qui portent, comme les premiers disciples de saint Guillaume, la robe blanche, enflammés de zèle pour les âmes, ont suivi avec entrain les traces des aînés. Mais ces dernières années, par votre action et sous vos auspices, la famille des moines s'est heureusement développée, une nouvelle congrégation diocésaine de Soeurs de Saint-Benoît a été fondée ; un grand orphelinat a été ouvert, plusieurs édifices ont été complètement refaits, des accès plus commodes ont été pratiqués pour venir au sanctuaire, de telle sorte que plusieurs centaines de milliers de pèlerins y sont reçus chaque année, à qui, par l'intercession de la Mère de Dieu, Dieu accorde abondamment, avec la rémission des péchés, les faveurs célestes.
Pie XII, lettre au père abbé de Monte Vergine, le 16 juin 1942, à l’occasion du 8e centenaire de la mort de saint Guillaume.