Mgr Jean-Pierre Batut, évêque auxiliaire de Lyon, a affirmé ne pas être opposé à ce que des femmes soient ordonnées cardinal, vendredi au cours d'une interview diffusée par la radio catholique RCF et la chaîne de télévision lyonnaise TLM.
« Je ne vois pas pourquoi une femme ne pourrait pas être cardinal », a déclaré Mgr Jean-Pierre Batut, évêque auxiliaire de Lyon, sur RCF et TLM, ajoutant : « C'est une fonction qui n'est pas nécessairement masculine. » Et expliquant : « Il y a des femmes extrêmement compétentes... des théologiennes, des femmes qui ont toutes les compétences pour siéger dans les organismes du Saint Siège même à un très haut niveau. »
Ces propos montrent que même un évêque ne sait plus ce qu’est un cardinal. Ce n’est pas de sa faute, mais celle des papes successifs qui ont peu à peu laisser se diluer puis quasiment disparaître la notion originelle du cardinalat.
Un cardinal est à l’origine un des évêques « suburbicaires » (des évêchés qui entourent Rome), ou un curé d’une paroisse romaine, ou un diacre d’une paroisse romaine (d’où les titres qui existent toujours de cardinal-évêque, cardinal-prêtre et cardinal-diacre). Il s’agit donc du clergé de Rome, qui conseille le pape et qui élit son successeur. Aujourd’hui les cardinaux sont toujours titulaires d’un évêché suburbicaire ou d’une paroisse de Rome, mais c’est devenu (récemment) purement symbolique. Et pour achever de brouiller la situation, Paul VI a fait cardinaux les patriarches des Eglises orientales, sans leur attribuer, évidemment, de paroisses romaines. Personnellement je serais d'avis que les cardinaux deviennent effectivement les curés des paroisses dont ils ont le titre. Ce qui éviterait aussi de parler du "cardinal de Paris" ou du "cardinal de Berlin", expressions qui n'ont aucun sens.
Quoi qu’il en soit de cette évolution, il est clair qu’un cardinal est forcément un homme. D’autant que Jean XXIII a décidé que les cardinaux devaient être évêques. Ce qui est très discutable, car cela n’a pas de sens de sacrer évêque un théologien de 80 ans (c’est en général de quoi il s’agit), surtout après le beau texte de Vatican II sur le sacrement de l’épiscopat… Mais enfin c’est ainsi.
Créer des cardinaux femmes ne serait pas stupidement « moderne », ce serait une régression au temps où l’on faisait des cardinaux laïcs (Mazarin), de même qu’on faisait des évêques laïcs et des abbés de monastères laïcs, toutes choses vraiment monstrueuses.
Mgr Batut dit qu’il y a « des femmes qui ont toutes les compétences pour siéger dans les organismes du Saint Siège même à un très haut niveau ». Mais cela n’a rien à voir avec le fait d’être cardinal ou non. Il y a dans la Curie à un très haut niveau des hommes qui ne sont pas cardinaux, et il y a, justement, des femmes. Il y a aujourd’hui deux femmes qui sont sous-secrétaires de congrégation : une religieuse, et une laïque. Il y en aura certainement d’autres. Mais se focaliser sur le sexe du personnel de la curie est plus un souci mondain qu’un souci catholique.
Commentaires
Le cardinalat est une chimère d'Eglise comme disait un évêque de Noyon au XVIIème siècle. Que Jean XXIII ait contraint les cardinaux à être évêques n'y change rien. Jadis de nombreux cardinaux étaient des laïques: Mazarin et de nombreux princes de maison souveraine qui souvent rendaient leur chapeau pour se marier. Alors pourquoi pas une femme. Le cardinalat n'a rien à voir avec la hiérarchie sacrée de l'Ordre.
Pitié ! L'Eglise ne va pas maintenant demander aussi la parité !
Mais le plus grave dans cet entretien est plus loin !
Mgr Batut, en tout cas selon la relation journalistique, se déclare favorable aux femmes-diacres !!?! En prétextant que le diaconat ne fait pas partie de l'ordre sacerdotal !?!
Pourquoi l'approche du conclave suscite-t-il ce genre de sorties ?
Nouveau scandale alimentaire. Il y a aussi de l'âne dans le conseil des évêques.
Vous soulevez un point intéressant. En fait, le problème est le suivant : à l'origine, le Collège des Cardinaux représente le conseil représentant le clergé (évêques, prêtres et diacres) du diocèse de Rome et élisant l'évêque de Rome. Aujourd'hui, cette nature originelle du Collège des Cardinaux a été presque complètement oubliée et ce Collège est, en fait et en droit, un conseil du Pape ayant essentiellement pour fonction d'élire le Pape, sans le moindre lien avec le clergé de Rome, à part les paroisses fictives des Cardinaux et leur titre de cardinaux-évêques, -prêtres ou -diacres. Par conséquent, de deux choses l'une : soit on cherche à revenir le plus possible à la nature originelle du Collège et effectivement non seulement seuls des prêtres et donc seuls des hommes peuvent être Cardinaux mais il faudrait également supprimer l'obligation pour un Cardinal d'être évêque et sans doute obliger les Cardinaux à s'installer à Rome ; soit on prend acte du fait qu'il n'existe plus aucun lien entre le Collège actuel et sa nature originelle, on admet qu'il n'est plus qu'un Conseil de Grands Electeurs et rien n'interdit que des laïcs et donc également des femmes, deviennent cardinaux.
Pour ma part, j'ai entendu une rumeur selon laquelle le Bienheureux Jean-Paul II avait proposé à Mère Thérésa de devenir Cardinale et que celle-ci avait refusé.
En effet, si le collège des cardinaux est un collège de grands électeurs sans lien direct avec le sacerdoce, rien n'empêche qu'il y ait des femmes. Mais pour le moment ce n'est pas le cas. Même si le cardinal n'a plus d'autorité sur "sa" paroisse romaine, (ce qu'il avait il y a encore peu de temps), il continue d'avoir le titre et d'en "PRENDRE POSSESSION". Tant qu'il en sera ainsi, le lien entre cardinalat et conseil du clergé romain ne sera pas à proprement parler une fiction.
Ben c'est quand même bien que les cardinaux soient évêques (après avoir été prêtres), ça leur permet d'avoir eu l'expérience du terrain.
Imaginez le désastre si on élisait député ou nommait ministre : des énarques qui n'auraient jamais eu aucune expérience en entreprise...
Ce dimanche,(la plupart)des cardinaux ont dit la messe dans la paroisse dont ils sont titulaires!
Le lien des cardinaux avec l'Eglise de Rome n'a jamais été rompu: c'est bien le clergé de Rome qui élit l'évêque de Rome.
Ce sacré Collège, qui représente le clergé de Rome, n'est surtout pas un collège épiscopal, n'est pas non plus un collège sacerdotal: il réunit les évêques de la province romaine, les prêtres de certaines paroisses romaines (les "titres") et des diacres; Il a compté de nombreux laïques: on demandait seulement de ne pas être marié
On rêverait d'un retour à l'usage ancien: l'évêque de Rome élu par le clergé de Rome vraiment romain. - On y ajouterait l'interdiction des transferts d'un siège à un autre, en vigueur dans les premiers siècles.
Mais je m'arrête: ce sont rêves d'archéologue. Et pourtant.