La famille Corsini étant non seulement une des principales familles de Florence mais une des grandes familles de… cardinaux, il fallait bien qu’elle eût un saint et un pape pour honorer particulièrement ce saint qu’un pape précédent avait déjà inscrit au calendrier tout en faisant cardinal un autre Corsini…
Bref, il n’est pas question de contester la sainteté d’André Corsini, mais il n’y a rien à en dire. Alors, si l’on poursuit dans les fastes romains, on découvre que le pauvre André Corsini qui fuyait les honneurs et les richesses aura été doté à Saint-Jean-de-Latran d’une des plus riches chapelles de la chrétienté par le pape Corsini qui édifia la nouvelle façade de la basilique en y inscrivant son nom, Clément XII, en énormes lettres d’or…
Et si l’on poursuit la recherche on tombe sur un texte de Stendhal que je retranscris ci-dessous, extrait des Promenades dans Rome. Et, par la magie d’internet, on découvre que le cher Stendhal s’est quelque peu inspiré d’un livre publié quelques années plus tôt, Itinéraire instructif de Rome ancienne et moderne et de ses environs, par « Marien Vasi, Romain », dont je donne ensuite l’extrait.
Stendhal:
C'est à Saint-Jean-de-Latran que l'on voit la dernière belle chapelle qu'ait produite la religion chrétienne, telle qu'on l'entend depuis le concile de Trente. Il ne faut pas espérer de trouver ici la simplicité touchante des premiers siècles du christianisme, ni la terreur de Michel-Ange. La chapelle Corsini est la première à gauche en entrant, c'est une des plus riches de Rome ; elle me semble plus jolie et moins belle que les chapelles de Sainte-Marie-Majeure. Placée à Paris, à Saint-Philippe-du-Roule, elle nous rendrait fous d'admiration. Cette chapelle fut élevée par ordre de Clément XII, Corsini, (1735), sur les dessins de Galilei, architecte florentin, qui la décora d'un ordre corinthien et la couvrit en entier de marbres précieux.
Il faut se faire ouvrir la grille qui la sépare de l'église ; une mosaïque, copiée du Guide, vaut la peine d'être vue de près ; elle représente saint André Corsini ; l'original est au palais Barberin. Le tombeau à gauche en entrant est celui de Clément XII, qui s'est fait placer dans cette belle urne de porphyre qui était abandonnée sous le portique du Panthéon, d'où l'on a conclu, avec la logique ordinaire des antiquaires, qu'elle avait renfermé les cendres de Marcus Agrippa.
Le monument à droite est celui du cardinal Neri Corsini, oncle du pape. On voit ici plusieurs statues et bas-reliefs qui montrent l'état déplorable où les arts étaient tombés ä Rome pendant le siècle qui sépare la mort du Bernin de l’apparition de Canova (1680-1780).
Vasi:
La chapelle Corsini, qui est la première à gauche en entrant dans l’Eglise, est une des plus magnifiques de Rome : Clément XII l’érigea en l’honneur de St. André Corsini, un de ses ancêtres . Alexandre Galilei, Florentin, en fut l’architecte, la décora d’un ordre Corinthien et la revêtit de marbres précieux. Sur l’Autel, entre deux colonnes de vert antique, il y a un tableau en mosaïque, copié sur l’original de Guide Reni, qui représente St. André Corsini. Sur le frontispice de cet Autel sont placées les figures de l’Innocence et de la Pénitence, sculptées par Pincellotti. Plus haut, il y a un bas-relief où St. André Corsini est représenté défendant l’armée des Florentins, à la bataille d’Anghieri. La grande niche située du côté de l’Evangile, décorée par deux colonnes de porphyre, contient le beau mausolée de Clément XII, où l’on voit la superbe urne antique de porphyre, qui était auparavant dans le portique du Panthéon d’Agrippa. Jean Baptiste Maini modela la statue en bronze du Pontife, et Charles Monaldi sculpta les deux figures latérales. On voit, vis-à-vis, sur le tombeau du Cardinal Neri Corsini, oncle de Clément XII, sa statue, avec un génie et la Religion assise ; ouvrages de Maini. On trouve aussi dans cette chapelle, quatre niches avec des statues en marbre, représentant les Vertus Cardinales. En haut de chaque niche, est un bas-relief en marbre.