Et il sortira un rejeton de la racine de Jessé, et une fleur s’élèvera de sa racine. Et l’esprit du Seigneur reposera sur lui (Isaïe : début des lectures des matines au premier nocturne. Et l'antienne de Magnificat, hier soir, pour les deuxièmes vêpres de l'Immaculée Conception, commençait ainsi : Aujourd'hui est sorti le rejeton de la racine de Jessé...).
Saint Jérôme, dont l’Église emprunte aujourd’hui les paroles dans les Leçons du second Nocturne, nous dit « que cette Branche sans aucun nœud qui sort de la tige de Jessé, est la Vierge Marie, et que la Fleur est le Sauveur a lui-même, qui a dit dans le Cantique : Je suis la fleur des champs et le lis des vallons ». Tous les siècles chrétiens ont célébré avec transport et la Branche merveilleuse, et sa divine Fleur. Au moyen âge, l’Arbre de Jessé couvrait de ses prophétiques rameaux le portail des Cathédrales, étincelait sur leurs vitraux, s’épandait en broderie sur les tapisseries du sanctuaire ; et la voix mélodieuse des prêtres chantait le doux Répons composé par Fulbert de Chartres et mis en chant grégorien par le pieux roi Robert :
℟. La tige de Jessé a produit une branche, et la branche une fleur ; * Et sur cette fleur l’Esprit divin s’est reposé. ℣. La Vierge Mère de Dieu est la branche, et son fils est la fleur ; * Et sur cette fleur l’Esprit divin s’est reposé.
Et le dévot saint Bernard, commentant ce Répons dans sa deuxième Homélie sur l’Avent, disait : « Le Fils de la Vierge est la fleur, fleur blanche et pourprée, choisie entre mille ; fleur dont la vue réjouit les Anges, et dont l’odeur rend la vie aux morts ; Fleur des champs, comme elle le dit elle-même, et non fleur des jardins ; car la fleur des champs pousse d’elle-même sans le secours de l’homme, sans les procédés de l’agriculture. Ainsi le chaste sein de la Vierge, comme un champ d’une verdure éternelle, a produit cette divine fleur dont la beauté ne se corrompt pas, dont l’éclat ne se fanera jamais. O Vierge ! branche sublime, à quelle hauteur ne montez-vous pas ? Vous arrivez jusqu’à celui qui est assis sur le Trône, jusqu’au Seigneur de majesté. Et je ne m’en étonne pas ; car vous jetez profondément en terre les racines de l’humilité. O plante céleste, la plus précieuse de toutes et la plus sainte ! O vrai arbre de vie, qui seule avez été digne de porter le fruit du salut ! »