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Notules sur un concile (27) "Ad gentes" (2)

C’est après cela, et seulement après, que le décret demande aux missionnaires de « découvrir avec joie et respect les semences du Verbe » qui se trouvent cachées dans les diverses traditions nationales et religieuses, ainsi que les autres richesses que Dieu a dispensées aux nations, qu’ils doivent « s’efforcer d’éclairer de la lumière évangélique, de les libérer, de les ramener sous l’autorité du Dieu sauveur ».

Il est regrettable que le concile ne donne pas de références pour cette expression de semences du Verbe, semina Verbi, qui sera contestée par certains. L’expression se trouve chez saint Justin et saint Irénée, mais ce qu’elle exprime se trouve un peu partout chez les pères de l’Eglise. Et Benoît XVI, le 30 septembre dernier, dans son allocution de l’Angélus, donnait cette citation de saint Augustin : « De la même façon que dans l’Eglise catholique on peut trouver ce qui n’est pas catholique, ainsi à l’extérieur de l’Eglise il peut y avoir quelque chose de catholique. » (2)

A l’article 2 du chapitre sur « l’œuvre missionnaire elle-même », il est dit encore, avec une cascade de références scripturaires : « Partout où Dieu ouvre un champ libre à la prédication pour proclamer le mystère du Christ, on doit annoncer à tous les hommes avec assurance et persévérance le Dieu vivant, et celui qu’il a envoyé pour le salut de tous, Jésus Christ, pour que les non-chrétiens, le Saint-Esprit ouvrant leur cœur, croient, se convertissent librement au Seigneur et s’attachent loyalement à lui qui, étant la voie, la vérité et la vie, comble toutes leurs attentes spirituelles, bien plus, les dépasse de façon infinie. »

Le paragraphe sur le catéchuménat des convertis comporte un remarquable résumé de l’initiation chrétienne, qu’on aurait aimé trouver dans une des constitutions :

« Ensuite, délivrés de la puissance des ténèbres par les sacrements de l’initiation chrétienne, morts avec le Christ, ensevelis avec lui et ressuscités avec lui, ils reçoivent l’Esprit d’adoption filiale et célèbrent avec tout le Peuple de Dieu le mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur. »

Dans le chapitre sur l’implantation des nouvelles Eglises, on lit que la foi y est enseignée au moyen d’une catéchèse adaptée, et qu’elle est « célébrée dans une liturgie conforme au génie du peuple ». Voilà un étonnant aveu. Car cette liturgie conforme au génie du peuple ne peut pas être conforme aux prescriptions de la constitution sur la liturgie : la langue de la liturgie latine est le latin, le chant propre de la liturgie latine est le plain chant grégorien… On considère donc que Sacrosanctum concilium a déjà été interprété selon « l’esprit du concile », et que les concessions concernant la langue du peuple sont devenues la règle… Cela me fait penser à une interview d’un évêque indien qui soulignait avec fierté que la différence entre le culte chrétien et celui des autres religions de l’Inde (hindouisme, islam) est que c’est le seul qui n’ait pas de langue sacrée…

Le dernier chapitre du décret est un nouvel appel à toute l’Eglise :

« L’Église étant tout entière missionnaire, et l’œuvre de l’évangélisation étant un devoir fondamental du Peuple de Dieu, le saint Concile invite tous les chrétiens à une profonde rénovation intérieure, afin qu’ayant une conscience vive de leur propre responsabilité dans la diffusion de l’Évangile, ils assument leur part dans l’œuvre missionnaire auprès des nations. »

Car tous sont membres du Corps du Christ, et de ce fait « tous les fidèles sont tenus de coopérer à l’expansion et au développement de son Corps, pour l’amener le plus vite possible à sa plénitude ». Comme cela a déjà été dit, les évêques ont une responsabilité particulière pour sensibiliser le peuple de Dieu à la mission. Et surtout de susciter « parmi les infirmes et les affligés, des âmes qui offrent à Dieu, de tout leur cœur, pour l’évangélisation du monde, prières et œuvres de pénitence ».

Quant aux prêtres, « ils doivent apprendre aux fidèles à prier pour les missions, ne pas rougir de leur demander des aumônes pour les missions ».

(2) « Sicut ergo est in Catholica quod non est catholicum, sic potest extra Catholicam aliquid esse catholicum. » (Sur le baptême contre les donatistes, à la fin du texte).

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