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2e dimanche après la Pentecôte

Voici, très chers frères, en quoi les jouissances du corps et celles de l’âme diffèrent ordinairement : les jouissances corporelles, avant leur possession, allument en nous un ardent désir ; mais pendant qu’on s’en repaît avidement, elles amènent bientôt au dégoût, par la satiété même, celui qui les savoure. Les jouissances spirituelles, au contraire, provoquent le mépris avant leur possession, mais excitent le désir quand on les possède ; et celui qui les goûte en est d’autant plus affamé qu’il s’en nourrit davantage. Dans celles-là, le désir plaît, mais l’expérience est déplaisir ; celles-ci semblent au contraire de peu de valeur lorsqu’on ne fait encore que les désirer, mais leur usage est ce qui plaît le plus. Dans les premières, l’appétit engendre le rassasiement, et le rassasiement, le dégoût ; dans les secondes, l’appétit fait naître la jouissance, et le rassasiement, l’appétit. Les délices spirituelles augmentent en effet le désir dans l’âme, à mesure qu’elle s’en rassasie ; plus on goûte leur saveur, mieux on connaît qu’on doit les désirer avec avidité ; c’est ce qui explique pourquoi on ne peut les aimer sans les avoir éprouvées, puisqu’on n’en connaît pas la saveur. Qui peut, en effet, aimer ce qu’il ne connaît pas ? Aussi le Psalmiste nous en avertit en disant : « Goûtez et voyez combien le Seigneur est doux ». Comme s’il disait formellement : Vous ne connaissez pas sa douceur si vous ne le goûtez point, mais touchez avec le palais de votre cœur l’aliment de vie, afin que, faisant l’expérience de sa douceur, vous deveniez capables de l’aimer.

Saint Grégoire le Grand

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