C’est encore à l’Apôtre saint Jacques le Mineur que la sainte Église emprunte l’Épître aujourd’hui ; et l’on ne saurait trop admirer l’à-propos que présentent les paroles de l’écrivain inspiré. L’une des fins de l’institution des Rogations est d’obtenir de la bonté de Dieu la température convenable pour les fruits de la terre, et saint Jacques nous montre, par l’exemple d’Élie, que la prière peut rendre le ciel serein, ou en faire descendre une pluie fécondante.
Imitons la foi du prophète, et recommandons au Seigneur les moissons, qui ont tant besoin encore de sa bonté pour arriver à leur maturité, et pour échapper aux fléaux qui pourraient fondre sur elles. Un autre but des Rogations est d’obtenir la rémission des péchés. Si nous prions avec ferveur pour nos frères qui sont égarés, nous obtiendrons en leur faveur des miséricordes particulières. Nous ne connaîtrons peut-être pas en ce monde ceux que notre prière, unie à celle de la sainte Église, aura retirés de la voie du péché ; mais l’Apôtre nous apprend que notre charité recevra la plus précieuse récompense, l’effusion de la miséricorde de Dieu sur nous-mêmes. (…)
Le choix des lectures de la sainte Écriture dans la Liturgie est un enseignement permanent et toujours à propos : on a dû le reconnaître jusqu’ici. En ces trois jours où il s’agit de fléchir le ciel offensé, rien n’était plus nécessaire que de faire bien comprendre aux chrétiens le pouvoir qu’exerce sur Dieu lui-même l’insistance dans la prière. Les Litanies qui ont été chantées dans le cours de la Procession nous offrent un modèle de cette sainte obstination dans la prière. Nous n’avons cessé de répéter : « Seigneur ! Ayez pitié ; délivrez-nous, Seigneur ! Nous vous en supplions, exaucez-nous ! » En ce moment la médiation de notre divin Agneau pascal offert sur l’autel se prépare, et dans peu d’instants il joindra à nos faibles vœux son entremise toujours efficace.
Muni d’un tel gage, nous nous retirerons, assurés de n’avoir pas prié en vain. Prenons donc aussi la résolution de ne plus nous tenir éloignés de la sainte Église dans ses pratiques, et de préférer toujours la prière faite avec elle à toute autre que nous offririons à Dieu en notre particulier, dans les jours où cette Épouse du Sauveur, cette mère commune, veut bien nous convier à prendre part aux devoirs de supplication que, dans notre intérêt, elle rend à son céleste Époux.
Dom Guéranger
C’est aussi, en France, la fête liturgique de sainte Jeanne d’Arc.