Cette fête fut introduite dans le calendrier par Léon XIII, et, dans l’intention de ce grand Pontife, elle était comme un cri d’immense amour et un tendre appel de l’Église Mère à cette glorieuse île Britannique jadis si féconde en saints. Saint Augustin était un moine romain, et il fut envoyé en Angleterre par saint Grégoire le Grand, avec quarante de ses compagnons, pour convertir ce royaume à la foi. Le succès surpassa de beaucoup l’attente du Pape, car Dieu authentiqua la prédication d’Augustin par un si grand nombre de miracles qu’on semblait revenu au temps des Apôtres. Le roi de Kent, Ethelbert, accompagné des grands de sa cour, reçut le baptême des mains du Saint qui, un jour de Noël, baptisa dans un fleuve des milliers de personnes. A ceux qui étaient malades, les ondes baptismales donnèrent la santé du corps en même temps que celle de l’âme. Sur l’ordre de saint Grégoire, Augustin fut consacré premier évêque des Anglais par Virgile d’Arles. Revenu ensuite dans la Grande-Bretagne, il consacra des évêques pour d’autres sièges, et il établit sa chaire primatiale à Cantorbéry où il érigea aussi un célèbre monastère. Il mourut le 26 mai 609 et reçut immédiatement le culte des saints.
(…)
Nous ne saurions nous séparer aujourd’hui de saint Augustin sans évoquer la scène suggestive et impressionnante de son premier atterrissage en Angleterre. Tandis que les Barbares mettaient sens dessus dessous l’Italie, brûlaient les églises et massacraient les évêques, Grégoire le Grand décide un coup audacieux. Il envoie ses pacifiques troupes conquérantes dans la lointaine Bretagne, là où les Césars eux-mêmes n’avaient jamais pu établir solidement les aigles romaines. Le groupe psalmodiant des quarante moines missionnaires pose donc, courageux, le pied sur le sol anglais, et en prenant possession au nom de l’Église catholique, il se met en ordre de procession. Le pieux cortège est précédé d’une croix d’argent et d’une image du Divin Sauveur suivies par Augustin et les moines, qui chantent cette belle prière romaine de la procession des Robigalia : Deprecamur te, Domine, in omni misericordia tua, ut auferatur furor tuus et ira tua a civitate ista et de domo sancta tua, quia peccavimus tibi.
Y eut-il jamais conquête plus pacifique que celle-là ?
Bienheureux cardinal Schuster