La seconde nativité [le Baptême] est plus honorée que la première puisqu’ici le Père se fait connaître, lui le Dieu de majesté ; tandis que là c’est Joseph, un simple artisan, que l’on estime être le père. Et quoique si l’on considère ces deux événements, l’on voie que la naissance et le baptême du Seigneur sont également l’œuvre de l’Esprit-Saint, néanmoins le Père qui parle du haut des cieux est incomparablement plus grand quel celui qui travaille sur la terre. Il était donc regardé comme le père de notre Seigneur et Sauveur, Joseph qui, sur la terre, fait œuvre d’artisan ; et cette œuvre, Dieu, qui est le véritable Père de notre Seigneur Jésus-Christ, ne laisse pas de l’accomplir, car il est artisan lui aussi. C’est en effet un ouvrier, Celui qui a fabriqué la machine du monde avec une puissance, non seulement admirable, mais encore ineffable. Comme un savant architecte, il a suspendu le ciel dans les hauteurs, affermi la terre par sa pesanteur même, donné pour bornes aux mers les cailloux des rivages. Il est l’auteur d’un travail, Celui qui, pour établir une certaine mesure, abat les faîtes de l’orgueil et élève les profondeurs de l’humilité. Il est artisan, Celui qui retranche de notre vie les œuvres vaines, et conserve toutes les œuvres bonnes. Il est artisan, Celui dont « la cognée est déjà mise à notre racine », selon la menace de Jean-Baptiste, pour que tout arbre dépassant les bornes d’une juste discrétion soit coupé jusqu’à la racine et jeté au feu, tandis que celui qui aura la mesure de la vérité sera destiné aux célestes constructions.
Saint Augustin