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Mercredi des Quatre-Temps de Carême

Moïse et Elie jeûnent quarante jours et quarante nuits, parce qu’ils vont s’approcher de Dieu. Il faut que l’homme s’épure, qu’il se dégage du poids du corps, s’il veut se mettre en rapport avec celui qui est l’Esprit. Néanmoins, la vision de Dieu dont furent favorisés ces deux saints hommes fut très imparfaite : ils sentirent que le Seigneur était près d’eux, mais ils ne virent pas sa gloire. Depuis, le Seigneur s’est manifesté dans la chair, et l’homme l’a vu, il l’a entendu, il l’a touché de ses mains. Nous ne sommes pas du nombre de ces heureux mortels qui conversèrent avec le Verbe de vie ; mais, dans la divine Eucharistie, il fait plus que de se laisser voir : il entre en nous, il devient notre substance. Le plus humble fidèle dans l’Église possède Dieu plus pleinement que Moise sur le Sinaï, et Elie sur Horeb. Ne soyons donc pas étonnés si l’Église, pour nous préparer à cette faveur, dans la fête de Pâques, veut que nous traversions auparavant une épreuve de quarante jours, mais beaucoup moins rigoureuse que celle qui fut pour Moïse et Elie la condition de la grâce que Jéhovah daigna leur faire.

Dom Guéranger

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