Extrait de l’allocution de Benoît XVI avant l’Angélus d’hier :
Si nous nous demandons : pourquoi le Carême ? pourquoi la Croix ?, la réponse, en termes radicaux, est celle-ci : parce que le mal existe, et même le péché qui, selon les Ecritures, est la cause profonde de tout mal. Mais cette affirmation n'est pas tout à fait acquise, et ce mot de « péché » n'est pas accepté par beaucoup, parce qu'il présuppose une vision religieuse du monde et de l'homme. En effet, c'est vrai : si on élimine Dieu de l'horizon du monde, on ne peut pas parler de péché. Comme quand le soleil se cache, les ombres disparaissent ; l'ombre n'apparaît que s'il y a le soleil ; ainsi l'éclipse de Dieu comporte nécessairement l'éclipse du péché. C'est pourquoi le sens du péché - qui est très différent du « sentiment de culpabilité » comme l'entend la psychologie - s'acquiert en retrouvant le sens de Dieu.
Commentaires
On peut être frappé par le fait que de grands saints comme David, saint Pierre ou saint Paul aient commis, dans le cours de leurs vies, d'énormes péchés. Ils n'avaient pourtant aucun sentiment de culpabilité. Pourtant David ne pouvait ne pas avoir la conviction, même en commettant l'acte, que commettre l'adultère, et pour le commettre plus facilement, abusant de la fonction que Dieu lui avait départie, faire éliminer hypocritement le mari gênant, ne pouvait être qu'un énorme péché ou plus précisément d'énormes péchés.
Et ces exemples ne doivent pas nous laisser d'avoir horreur du péché et de fuir le sentiment de culpabilité. Dieu d'ailleurs devait d'ailleurs punir David sans sa descendance (mort en bas âge, de son premier né, révolte d'Absalom etc.), viol incestueux, puis fratricide, parmi ses enfants. "L'abîme appelle l'abîme" devait-il confesser lui-même sous l'inspiration de l'Esprit-Saint.