Des centaines de milliers de personnes, les hommes coiffés du fez (interdit depuis 1925) et les femmes voilées, ont assisté à Istanbul aux obsèques de Necmettin Erbakan, fondateur du nouvel islamisme turc et éphémère Premier ministre. L’actuel Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, et le chef de l'Etat, Abdullah Gül, tous deux disciples d'Erbakan, étaient au premier rang pour la prière à la mosquée Fatih. Le cercueil, orné d'un drapeau vert, a été porté par la foule.
Erbakan était notamment le fondateur de Milli Görüs, qui est la plus importante organisations islamique en Allemagne et en Europe.
Extrait d’un article de Die Zeit :
Milli Görüs pense à tout et à tous. Avec Milli Görüs, les croyants peuvent jouer au football ou partir en pèlerinage à La Mecque. En cas de décès, un fonds prend en charge le transfert du corps de Berlin ou de Duisburg au cimetière d'Istanbul ou de Konya. Une vie entière accompagnée par Milli Görüs, du berceau à la tombe. Avec l'aide sociale et l'instruction religieuse, l'idéologie s'insinue lentement. "Petit à petit, les jeunes sont embrigadés dans l'organisation", explique Reinhard Hocker, sociologue. Certains n'apprennent que très tard que cette mère si dévouée a pour nom Milli Görüs.
Aucune des organisations liées à Milli Görüs n'en porte le nom ; il est difficile de prouver l'existence de liens directs. "Il n'est nul besoin de liens formels", souligne Thomas Lemmen, spécialiste de l'islam à la faculté de théologie de Sankt Augustin. "Tout le réseau est fondé sur des relations personnelles." Ainsi, le Kölner Haus, siège de l'Institut de pédagogie internationale et de didactique de Cologne, appartient à la famille Erbakan. La cofondatrice de l'institution s'appelle Amina Erbakan : c'est la mère du secrétaire général et la présidente de la Communauté des femmes islamiques germanophones - qui n'a officiellement rien à voir non plus avec Milli Görüs, bien qu'elle ait son siège dans les locaux de la centrale de l'organisation, à Cologne-Ehrenfeld. Thomas Lemmen a pris la peine de consulter les registres des associations et de comparer les adresses, les statuts et les noms des responsables. Il est fréquemment retombé sur les mêmes personnes et les mêmes adresses. Au coeur de l'organisation : la famille Erbakan.