Dieu le Fils Unique-Engendré, le Rédempteur des pécheurs, le Seigneur d’un Règne éternel, demande expressément d’être baptisé comme un pécheur. Ce ministère, le Baptiste veut y renoncer, connaissant Celui qui pour lui remettait plus que ses péchés. Celui-là (Jésus) accomplit cependant la justice de l’homme assumé en sa personne par le mystère du baptême : il ne repoussa pas le fait de devenir lui-même participant de notre péché, et, assumant en lui-même toute l’humiliation de la chair caduque, il entra dans le Jourdain mélangé à la foule des pécheurs. En eux tous, il fut mis à l’épreuve tandis qu’il les portait. Mais voyons comment « éprouvé », il fut « reconnu ». L’évangéliste dit en effet : Ayant été baptisé, Jésus aussitôt remonta de l’eau. Et voici que les cieux s’ouvrirent : il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici qu’une voix venue des cieux disait : ’Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je me complais’ (Mt 3, 16-17). La reconnaissance suit tout de suite la mise à l’épreuve ; après l’humilité qui l’avait mis en état d’épreuve, la voix paternelle le désigne comme le Fils bien-aimé. La mise à l’épreuve est telle qu’aussitôt suit la reconnaissance. Il va au désert, est soumis à la tentation du diable ; par lui, il est emmené tantôt au pinacle du Temple, tantôt il souffre d’être transporté sur une haute montagne. C’est pourquoi il se livre de lui-même à l’affront d’un si lourd outrage, en demeurant au désert, en étant le jouet d’une condition de tentation, pouvant être élevé sur le Temple ou sur la montagne.
Mais il ne quitte pas la mise à l’épreuve des tentations et n’abandonne pas le témoignage de Celui qui connaît. En effet, l’Écriture dit : Alors le diable le quitta, et voici que des anges le servaient (Mt 4, 11). L’homme est tenté, l’homme est porté de lieu en lieu ; mais après cela, les anges le servent. Il est reconnu par la mise à l’épreuve ; par la reconnaissance, il est digne du ministère des anges. Mais toutes les fois qu’il est mis à l’épreuve en ces diverses circonstances, chaque fois, il se fait reconnaître (pour ce qu’il est). Pierre a eu en horreur la Passion : il ne supportait pas le scandale de la croix vécu par amour et ne se maintenait pas dans la reconnaissance de la divinité pourtant déjà confessée (cf. Mt 16, 23). Mais parce que le Seigneur l’appela Satan à cause de son infidélité eu égard à la croix, peu de temps après, alors qu’il fut établi dans l’état constitutif de sa gloire sur la montagne, il se fit reconnaître par cette voix du Père qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je me complais ; écoutez-le (Mt 17, 5). La « reconnaissance » par la voix du Père suit la mise à l’épreuve dont la tentation de l’Apôtre était la cause.
Saint Hilaire, commentaire du psaume 138, verset 1.