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Les Saints Innocents

Nous aussi, bienheureux Enfants, nous rendons hommage à votre triomphe, et nous vous félicitons d’avoir été choisis pour les compagnons du Christ au berceau. Quel glorieux réveil a été le vôtre, lorsqu’après avoir passé par le glaive, vous avez connu que bientôt la lumière éblouissante de la vie éternelle allait être votre partage ! Quelle reconnaissance vous avez témoignée au Seigneur qui vous choisissait ainsi, entre tant de milliers d’autres enfants, pour honorer par votre immolation le berceau de son Fils ! La couronne a ceint votre front avant le combat ; la palme est venue d’elle-même se poser dans vos faibles mains, avant que vous eussiez pu faire un effort pour la cueillir : c’est ainsi que le Seigneur s’est montré plein de munificence, et nous a fait voir qu’il est maître de ses dons. N’était-il pas juste que la Naissance du Fils de ce souverain Roi fût marquée par quelque magnifique largesse ? Nous n’en sommes point jaloux, ô Martyrs innocents ! Nous glorifions le Seigneur qui vous a choisis, et nous applaudissons avec toute l’Église à votre inénarrable félicité.

O fleurs des Martyrs ! Permettez que nous mettions en vous notre confiance, et que nous osions vous supplier, par la récompense gratuite qui vous a été octroyée, de n’oublier pas vos frères qui combattent au milieu des hasards de ce monde de péché. Ces palmes et ces couronnes, dans lesquelles se joue votre innocence, nous les désirons aussi. Nous travaillons rudement à nous les assurer, et souvent nous nous sentons au moment de les perdre pour jamais. Le Dieu qui vous a glorifiés est aussi notre fin ; en lui seul aussi nous trouverons le repos ; priez, afin que nous arrivions jusqu’à lui.

Demandez pour nous la simplicité, l’enfance du cœur, cette naïve confiance en Dieu qui va jusqu’au bout dans l’accomplissement de ses volontés. Obtenez que nous supportions avec calme sa croix, quand il nous l’envoie ; que nous ne désirions que son bon plaisir. Au milieu du sanglant tumulte qui vint rompre votre sommeil, votre bouche enfantine souriait aux bourreaux ; vos mains semblaient se jouer avec ce glaive qui devait percer votre cœur ; vous étiez gracieux en face de la mort. Obtenez que nous aussi, nous soyons doux envers la tribulation, quand le Seigneur nous l’envoie. Qu’elle soit pour nous un martyre par la tranquillité de notre courage, par l’union de notre volonté avec celle du Maître souverain, qui n’éprouve que pour récompenser. Que les instruments dont il se sert ne nous soient point odieux ; que la charité ne s’éteigne point dans notre cœur ; et que rien n’altère cette paix sans laquelle l’âme du chrétien ne saurait plaire à Dieu.

Enfin, ô tendres agneaux immolés pour Jésus, vous qui le suivez partout où il va, parce que vous êtes purs, donnez-nous d’approcher de l’Agneau céleste qui vous conduit. Etablissez-nous en Bethléhem avec vous ; que nous ne sortions plus de ce séjour d’amour et d’innocence. Présentez-nous à Marie, votre Mère, plus tendre encore que Rachel ; dites-lui que nous sommes ses enfants, que nous sommes vos frères ; et comme elle a compati à vos douleurs d’un instant, qu’elle daigne avoir pitié de nos longues misères.

Dom Guéranger

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