Les ministres des Affaires étrangères de six pays de l’UE, qui ont vécu sous un régime communiste, ont écrit à Viviane Reding, commissaire à la Justice, pour demander une législation contre la négation ou la banalisation des crimes des régimes totalitaires.
« Le principe de justice doit assurer un traitement juste des victimes de tous les régimes totalitaires, ainsi qu'une prévention adéquate de tous les crimes internationaux », écrivent les ministres des Affaires étrangères de Bulgarie, République tchèque, Hongrie, Lettonie, Lituanie et Roumanie. « Parallèlement à la poursuite et à la condamnation des criminels, les négations de tous crimes internationaux doivent être traitées selon les mêmes normes pour éviter des conditions favorables à la réhabilitation et à la renaissance des idéologies totalitaires. »
Un porte-parole de Viviane Reding a confirmé qu’elle a reçu cette lettre, et que la Commission adoptera un rapport sur le sujet d’ici la fin de l’année. Il a commenté : « L'UE a un rôle à jouer - dans le cadre de ses pouvoirs dans ce domaine – pour contribuer à la connaissance de l'histoire passée de l'Europe en tant que patrimoine commun de tous les Européens d'aujourd'hui et des générations futures. L'Union peut agir comme un facilitateur pour la promotion d'une mémoire partagée des crimes commis par les régimes totalitaires. » Mais il a ajouté qu’il était « prématuré » de spéculer sur un appui de la Commission à la demande de ces ministres…
Les pays de l’Est sont stupéfaits de voir à quel point les pays de l’Ouest européen sont ignorants de ce qu’a été la dictature communiste. A ceux qui prétendent que l’on ne peut pas punir la négation des crimes communistes comme on punit la négation des crimes nazis, parce que Staline n’a pas exterminé de façon systématique comme Hitler, le ministre tchèque Karel Schwarzenberg a répondu : « Pour dire la vérité, Staline a pu tuer encore plus de gens que Hitler. Tous deux étaient des meurtriers de masse. Ceux qui leur faisaient des courbettes faisaient des courbettes au meurtre. »
Sous sa présidence de l’UE, en 2009, la République tchèque a tenté de mettre en place une plateforme de recherche sur les régimes totalitaires, avec un bureau d’information à Bruxelles, mais cette initiative n’a pu aboutir…
« Il y a une compréhension différente de ce que signifiait le communisme à l’Est et à l’Ouest », constate sobrement Raluca Grosescu, chercheur à l’Institut roumain d’enquête sur les crimes communistes.