Mes très chers, notre souci pastoral nous porte à vous prêcher conformément au temps et à l’usage liturgique. Nous célébrons le jeûne du dixième mois*. Dans ce jeûne, nous offrons à Dieu, l’auteur de tous biens, après avoir achevé la récolte de tous les fruits, un digne sacrifice de tempérance. Car quelle œuvre peut être plus efficace que le jeûne, par lequel nous nous rapprochons de Dieu, nous résistons au démon, nous triomphons des vices séducteurs ? En effet, toujours le jeûne a été l’aliment de la vertu. La sobriété produit les pensées chastes, les résolutions raisonnables, les conseils salutaires. Par la mortification volontaire on meurt aux convoitises de la chair. L’esprit est renouvelé pour la pratique de la vertu. Mais comme nous ne pouvons pas faire notre salut par le jeûne seul, complétons-le par la miséricorde envers les pauvres. Donnons à la vertu ce que nous enlevons au plaisir. Que la privation de ceux qui jeûnent soit un soulagement pour les pauvres. Efforçons-nous de protéger les veuves, d’aider les orphelins, de réconcilier ceux qui sont en discorde, de recueillir les étrangers, de secourir les affligés, de vêtir ceux qui sont nus, de soigner les malades. Ainsi celui d’entre nous qui aura offert à Dieu, l’auteur de tous biens, le sacrifice de ses œuvres de charité comme un bon travailleur, méritera de recevoir comme salaire le royaume céleste. Ainsi donc, jeûnons mercredi, vendredi et samedi, veillons ensemble auprès de l’Apôtre saint Pierre, afin que, par son intercession, nous puissions obtenir ce que nous demandons par Notre Seigneur Jésus-Christ qui avec le Père et le Saint-Esprit vit et règne dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Saint Léon le Grand
* décembre : de « decem » : dix. (L’année romaine commençait en mars.)