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Sainte Gertrude

En la très sainte fête de la Purification, tandis que  j'étais forcée de garder le lit à la suite d'une grave maladie je me trouvai, au lever du jour, remplie de tristesse et me plaignis d'être privée, par cette infirmité, de la céleste visite qui m'avait souvent consolée à pareil jour.

Et voici que l'auguste Médiatrice, Mère de celui qui est le véritable Médiateur entre Dieu et les hommes, vint par ces paroles adoucir ma peine : « Tu ne te souviens pas d'avoir éprouvé dans ton corps  des douleurs aussi aiguës; mais apprends que mon Fils  te réserve un présent plus riche que tous ceux dont  tu as été comblée jusqu'ici, et c'est afin qu'il soit reçu  dignement que ton âme a été fortifiée par ces souffrances corporelles. » Je fus soulagée en écoutant ces  douces paroles, et immédiatement avant la procession  je reçus l'aliment de vie. Comme j'étais attentive à la  présence de Dieu en moi, je vis que mon âme, semblable à une cire doucement amollie sous l'action du feu, se présentait devant la poitrine sacrée du Seigneur comme en face d'un sceau dont elle allait recevoir l'empreinte. Tout à coup, ce sceau divin fut apposé sur elle et mon âme fut alors introduite dans ce trésor sacré où la plénitude de la divinité habite corporellement pour y être marquée du sceau de la resplendissante et toujours tranquille Trinité.

O mon Dieu, Charbon dévorant (1), vous avez enfermé d'abord en vous-même, puis montré, et enfin communiqué cette vive ardeur, lorsque, sans rien perdre de votre feu, vous vous êtes arrêté sur le terrain humide et glissant de mon âme, pour dessécher en elle les flots des joies humaines. Vous l'avez ensuite dégagée de cet attachement à sa propre volonté, attachement que le temps n'avait fait que fortifier. O vrai feu consumant qui ne brûlez les vices de l'âme que pour y instiller la douce onction de la grâce ! C'est en vous seul que nous trouvons la force de nous réformer selon l'image et la ressemblance divine. O fournaise ardente dont les feux éclairent la douce vision de la paix ! Votre puissante opération change les scories en or pur et choisi, dès que l'âme, fatiguée d'illusions, cherche enfin avec ardeur le souverain Bien qu'elle ne trouve qu'en vous seul, ô vraie vérité !

(1) « Carbo desolatorius », allusion au psaume 119 : « Sagittæ potentis acutæ cum carbonibus desolatoriis. »

(Le Héraut de l’Amour divin, II, 7)

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