Le dimanche 4 novembre 2007, Benoît XVI commentait l’évangile de la rencontre entre Zachée et Jésus. Il concluait :
Une fois encore, l’évangile nous dit que l’amour, qui part du cœur de Dieu, et agit dans le cœur de l’homme, est la force qui renouvelle le monde.
Et il ajoutait :
Cette vérité resplendit de façon singulière dans le témoignage du saint dont on célèbre aujourd’hui la mémoire : Charles Borromée, archevêque de Milan. Sa figure se détache au XVIe siècle comme modèle de pasteur exemplaire par sa charité, sa doctrine, son zèle apostolique, et surtout, par sa prière : « Les âmes, disait-il, se conquièrent à genoux. » Consacré évêque à 25 ans, il mit en pratique la consigne du concile de Trente qui imposait aux pasteurs de résider dans leurs diocèses respectifs, et il se consacra totalement à l’Eglise ambrosienne : il la visita de long en large trois fois ; il convoqua six synodes provinciaux et onze diocésains ; il fonda des séminaires pour la formation d’une nouvelle génération de prêtres ; il construisit des hôpitaux et destina les richesses de sa famille au service des pauvres ; il défendit les droits de l’Eglise contre les puissants, renouvela la vie religieuse et institua une congrégation nouvelle de prêtres séculiers, les Oblats. En 1576, lorsque la peste dévasta Milan, il visita les malades et les réconforta et il dépensa pour eux tous ses biens. Sa devise tenait en un seul mot : « Humilitas ». L’humilité le poussa, comme le Seigneur Jésus, à renoncer à lui-même pour se faire le serviteur de tous.
Je me souviens de mon vénéré prédécesseur Jean-Paul II qui portait son nom avec dévotion, et je confie à l’intercession de saint Charles tous les évêques du monde, pour lesquels nous invoquons la céleste protection de la très sainte Vierge Marie, Mère de l’Eglise.
Piqûre de rappel. Citation de saint Charles Borromée, lors d’un concile provincial, déjà donnée en 2006 et 2008 :
« Craignons que le Juge irrité ne nous dise : Si vous étiez les éclaireurs de mon Eglise, pourquoi donc fermiez-vous les yeux ? Si vous vous prétendiez les pasteurs du troupeau, pourquoi l’avez-vous laissé s'égarer ? Sel de la terre, vous vous êtes affadis. Lumière du monde, ceux qui étaient assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort n'ont point vu vos rayons. Vous étiez Apôtres ; mais qui donc éprouva votre vigueur apostolique, vous qui jamais n'avez rien fait que pour complaire aux hommes ? Vous étiez la bouche du Seigneur, et l'avez rendue muette. Si votre excuse doit être que le fardeau dépassait vos forces, pourquoi fut-il l'objet de vos brigues ambitieuses ? »
Addendum
C'est le 4e centenaire de sa canonisation. Benoît XVI a envoyé un message à l'actuel archevêque de Milan:
CITE DU VATICAN, 4 NOV 2010 (VIS). Le Saint-Père a fait parvenir un message au Cardinal Dionigio Tettamanzi, Archevêque de Milan (Italie), pour le quatrième centenaire de la canonisation de saint Charles Borromée. En voici les passages principaux: Charles Borromée vécut dans une période difficile pour le christianisme, "une époque sombre parsemée d'épreuves pour la communauté chrétienne, pleine de divisions et de convulsions doctrinales, d'affaiblissement de la pureté de la foi et des moeurs, de mauvais exemples de la part du clergé. Mais il ne se contenta pas de se lamenter ou de condamner. Pour changer les autres, il commença par réformer sa propre vie... Il était conscient qu'une réforme crédible devait partir des pasteurs" et pour y parvenir il eut recours à la centralité de l'Eucharistie, à la spiritualité de la croix, à la fréquence des sacrements et à l'écoute de la Parole, à la fidélité envers le Pape, "toujours prompt à obéir à ses indications comme garantie d'une communion ecclésiale, authentique et complète".
Après avoir manifesté le désir de voir l'exemple de saint Charles continuer à inspirer la conversion personnelle comme communautaire, Benoît XVI encourage prêtres et diacres à faire de leur vie un parcours de sainteté. Il encourage en particulier le clergé milanais à suivre "une foi limpide, à vivre une vie sobre, selon l'ardeur apostolique de saint Ambroise, de saint Charles Borromée et de tant d'autre pasteurs locaux... Saint Charles, qui fut un véritable père des pauvres, fonda des institutions d'assistance" et, "durant la peste de 1576 il resta parmi son peuple pour le servir et le défendre avec les armes de la prière, de la pénitence et de l'amour". Sa charité ne se comprend pas si on ignore son rapport passionné au Seigneur, qui "se reflétait dans sa contemplation du mystère de l'autel et de la croix, d'où découlait sa compassion des hommes souffrants et son élan apostolique de porter l'Evangile à chacun... C'est de l'Eucharistie, coeur de toute communauté, qu'il faut tirer la force d'éduquer et de combattre pour la charité. Toute action charitable et apostolique trouve force et fécondité dans cette source". Le Saint-Père conclut par un appel aux jeunes: "A l'exemple de Charles Borromée, vous pouvez faire de votre jeunesse une offrande au Christ et au prochain... Si vous êtes l'avenir de l'Eglise, vous en faites partie dès aujourd'hui. Si vous avez l'audace de croire dans la sainteté, vous serez le principal trésor de l'Eglise ambrosienne, bâtie sur ses saints".