Rerum creator optime
Rectorque noster, aspice;
Nos a quiete noxia
Mersos sopore libera.
Te, sancte Christe, poscimus;
Ignosce tu criminibus,
Ad confitendum surgimus
Morasque noctis rumpimus.
Mentes manusque tollimus,
Propheta sicut noctibus
Nobis gerendum præcipit
Paulusque gestis censuit.
Vides malum quod gessimus;
Occulta nostra pandimus,
Preces gementes fundimus;
Dimitte quod peccavimus.
Præsta, Pater piissime,
Patrique compar unice,
Cum Spiritu Paraclito
Regnans per omne sæculum. Amen.
Grand Dieu, par qui de rien toute chose est formée,
Jette les yeux sur nos besoins divers ;
Romps ce fatal sommeil, par qui l’âme charmée
Dort en repos sur le bord des Enfers.
Daigne, ô divin Sauveur que notre voix implore,
Prendre pitié des fragiles mortels,
Et vois comme du lit, sans attendre l’aurore,
Le repentir nous traîne à tes autels.
C’est là que notre troupe affligée, inquiète,
Levant au ciel et le cœur et les mains,
Imite le grand Paul, et suit ce qu’un prophète
Nous a prescrit dans ses cantiques saints.
Nous montrons à tes yeux nos maux et nos alarmes ;
Nous confessons tous nos crimes secrets ;
Nous t’offrons tous nos vœux, nous y mêlons nos larmes :
Que ta bonté révoque tes arrêts.
Exauce, Père saint, notre ardente prière,
Verbe son Fils, Esprit leur nœud divin,
Dieu qui, tout éclatant de ta propre lumière,
Règnes au ciel sans principe et sans fin.
(Hymne des matines du mercredi, traduction-adaptation de Jean Racine. L’influence janséniste est ici manifeste.)