La présomption d’innocence est un bon principe. Les médias le respectent, le plus souvent, sauf lorsqu’il s’agit de l'« extrême droite », qui n’a droit à aucune protection des lois. La présomption d’innocence est particulièrement respectée quand il s’agit des voyous allogènes. Même leur anonymat est garanti. Ce respect absolu de la présomption d’innocence s’étend naturellement à toutes les minorités susceptibles d’être victimes d’une « phobie ».
Or voici que l’AFP nous apprend :
« Niqab : Lies Hebbadj en garde à vue pour des faits de viols et de violences »
Ici, la présomption d’innocence a volé en éclats. Peut-être, pensera-t-on, que Lies Hebbadj a été pris sur le fait.
Mais non. Il s’agit, dit le procureur, d’« accusations de viols et de violences portées à son encontre le 5 août 2010 par l'une de ses anciennes compagnes ».
C’est peut-être vrai. Peut-être pas vrai (d’autant que ce genre de vengeance est monnaie courante). Quoi qu’il en soit, à l’heure actuelle, personne n’est en mesure, ni surtout en droit, de parler de « faits de viols et de violences », comme s’ils étaient avérés.
Pourtant Lies Hebbadj fait partie des communautés protégées.
Or cette protection ne joue pas pour lui.
Pourquoi ?
L’explication se trouve au début du titre de la dépêche : « Niqab ».
Pourtant l’actuelle garde à vue de Lies Hebbadj n’a strictement rien à voir avec le niqab.
Mais en indiquant « niqab », on rappelle qu’il s’agit de cet homme dont une des femmes a été verbalisée parce qu’elle conduisait en niqab. Un homme qu’on soupçonne depuis lors d’avoir escroqué les services sociaux en se servant de ses quatre « épouses ».
Lesquelles portent le niqab. Porter le niqab, c’est donc très mal. Et, d’ailleurs, une loi a été votée qui va interdire le port du niqab. Les femmes de Lies Hebbadj sont donc virtuellement hors la loi, et Lies Hebbadj avec elles. Pour l’AFP, qui se fait à la fois le reflet et l’inspirateur de l’« opinion publique », il a donc perdu le droit à la présomption d’innocence, malgré son appartenance à une communauté protégée...
Addendum.
Apparemment, je n'ai pas été le seul à remarquer ce titre... L'AFP l'a modifié dans ses plus récentes dépêches. Le mot niqab a disparu, et le titre est devenu: "Lies Hebbadj en garde à vue, cette fois pour viols et violences".
Addendum 2
Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, a déclaré samedi sur RTL que Lies Hebbadj était, selon lui, « présumé coupable ». Sic.
Dans un communiqué publié dimanche, il "rappelle qu'il a toujours considéré ce dossier comme un cas de société plus qu'un fait divers". En effet, on le savait déjà. Lies Hebbadj sera jugé et condamné, ce qui permettra au gouvernement de faire croire au bon peuple qu’on s’occupe sérieusement des problèmes de délinquance liés à l’immigration et à l’islam… Lies Hebbadj a été désigné (non sans raisons) comme l’arbre qui cache la forêt.