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Saint Ignace de Loyola

[Le cardinal Pie] a dit que « ce qui frappe de prime abord dans l’histoire de la société de Jésus, c’est que pour elle l’âge mûr est contemporain de la première formation. Qui connaît les premiers auteurs de la compagnie, connaît la compagnie entière dans son esprit, dans son but, dans ses entreprises, dans ses procédés, dans ses méthodes. Quelle génération que celle qui préside à ses origines ! Quelle union de science et d’activité, de vie intérieure et de vie militante ! On peut dire que ce sont des hommes universels, des hommes de race gigantesque, en comparaison desquels nous ne sommes que des insectes : de genere giganteo, quibus comparati quasi locustae videbamur ».

Combien plus touchante n’en apparaît pas la simplicité si pleine de charmes de ces premiers Pères de la compagnie, faisant la route qui les sépare de Rome à pied et jeûnant, épuisés, mais le cœur débordant d’allégresse et chantant à demi-voix les psaumes de David ! Quand il fallut, pour répondre aux nécessités de l’heure présente, abandonner dans le nouvel institut les grandes traditions de la prière publique, il en coûta à plusieurs de ces âmes ; ce ne fut pas sans lutte que Marie, sur ce point, dut céder à Marthe : tant de siècles durant, la solennelle célébration des divins Offices avait paru l’indispensable tâche de toute famille religieuse, dont elle formait la dette sociale première, comme elle était l’aliment premier de la sainteté individuelle de ses membres !

Mais l’arrivée de temps nouveaux promenant partout la déchéance et la ruine, appelait une exception aussi insolite alors que douloureuse pour la vaillante compagnie qui dévouait son existence à l’instabilité d’alertes sans fin et de sorties perpétuelles sur les terres ennemies. Ignace le comprit ; et il sacrifia au but particulier qui s’imposait à lui l’attrait personnel qu’il ressentit jusqu’à la fin pour le chant sacré, dont les moindres notes parvenant à son oreille faisaient couler de ses yeux des larmes d’extase. Après sa mort, l’Église, qui jusque-là n’avait point connu d’intérêt primant la splendeur à donner au culte de l’Époux, voulut revenir sur une dérogation qui portait une atteinte si profonde aux instincts les plus chers de son cœur d’Épouse ; on vit Paul IV la révoquer absolument ; mais saint Pie V eut beau lui-même longtemps lutter contre elle, il dut enfin la subir.

Avec les derniers siècles et leurs embûches, l’heure des milices spéciales organisées en camps volants avait sonné pour l’Église. Mais autant il devenait plus difficile chaque jour d’exiger de ces troupes méritantes, absorbées dans de continuels combats au dehors, les habitudes de ceux que protégeaient la Cité sainte et ses anciennes tours de défense : autant Ignace répudiait le contre-sens étrange qui eût voulu réformer les mœurs du peuple chrétien d’après la manière de vivre entraînée par le service de reconnaissances et de grand’garde, auquel il se sacrifiait pour tous. La troisième des dix-huit règles qu’il pose, comme couronnement des Exercices spirituels, pour avoir en nous les vrais sentiments de l’Église orthodoxe, est de recommander aux fidèles les chants de l’Église, les psaumes, et les différentes Heures canoniales au temps marqué pour chacune.

Dom Guéranger

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