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Saine Marthe

Entrée pour jamais comme Madeleine en possession de la meilleure part, votre place, ô Marthe, est belle dans les cieux. Car celui qui sert dignement s'acquiert un rang élevé, dit saint Paul, et sa confiance est grande à juste titre dans la foi du Christ Jésus : le service que les diacres dont parlait l'Apôtre accomplissent pour l'Eglise, vous l'avez accompli pour son Chef et son Epoux ; vous avez bien gouverné votre maison, qui était la figure de cette Eglise aimée du Fils de Dieu. Or, assure encore le Docteur des nations, « Dieu n'est point injuste, pour oublier vos œuvres et l'amour que vous avez témoigné pour son nom, vous qui avez servi les saints ». Et le Saint des saints, devenu lui-même votre hôte et votre obligé, ne nous laisse-t-il pas déjà entrevoir assez vos grandeurs, lorsque parlant seulement du serviteur fidèle établi sur sa famille pour distribuer à chacun la nourriture au temps voulu, il s'écrie : « Heureux ce serviteur que le Maître, quand il viendra, trouvera agissant de la sorte ! En vérité, je vous le dis, il l'établira sur tous ses biens. » O Marthe, l'Eglise tressaille en ce jour où le Seigneur vous trouva, sur notre terre des Gaules, continuant de l'accueillir en ces plus petits où il déclare que nous devons maintenant le chercher. Il est donc venu le moment de la rencontre éternelle ! Assise désormais, dans la maison de cet hôte fidèle plus qu'aucun aux lois de l'hospitalité, vous le voyez faire de sa table votre table, et se ceignant à son tour, vous servir comme vous l'avez servi.

Du sein de votre repos, protégez ceux qui continuent de gérer les intérêts du Christ ici-bas, dans son corps mystique qui est toute l'Eglise, dans ses membres fatigués ou souffrants qui sont les pauvres et les affligés de toutes sortes. Multipliez et bénissez les œuvres de la sainte hospitalité ; que le vaste champ de la miséricorde et de la charité voie ses prodigieuses moissons s'accroître encore en nos jours. Puisse rien ne se perdre de l'activité si louable où se dépense le zèle de tant d'âmes généreuses ! et dans ce but, ô sœur de Madeleine, apprenez à tous, comme vous-même l'avez appris du Seigneur, à mettre au-dessus de tout l'unique nécessaire, à estimer à son prix la meilleure part. Après la parole qui vous fut dite moins pour vous que pour tous, quiconque voudrait troubler Madeleine aux pieds de Jésus, ou l'empêcher de s'y rendre, verrait à bon droit le ciel froissé stériliser ses œuvres.

Dom Guéranger

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