Sainte Marguerite d'Ecosse était en fait une Anglaise née en Hongrie (du temps où le Danois Canut s'était emparé du trône d'Angleterre). Elle vint ensuite en Angleterre mais dut bientôt s'enfuir en Ecosse, où elle épousa le roi Malcolm, auquel elle donna 8 enfants.
Elle réunit des synodes pour rétablir une vie vraiment catholique : la communion pascale et le repos du dimanche avaient été négligés ; la célébration de la Messe était accompagnée de rites païens ou profanes ; les mariages entre proches parents n'étaient pas rares. Marguerite fit cesser ces abus ; elle obtint aussi que le Carême commençât au mercredi des Cendres.
Le soir, après avoir pris un peu de repos, elle se levait pour prier ; elle récitait alors les matines de la Sainte Trinité, celles de la Croix, de la Sainte Vierge, l'office des Morts, un Psautier entier, et les laudes ; rentrée chez elle au matin, elle lavait les pieds de 6 pauvres et servait 9 orphelins ; elle se reposait à nouveau, puis, aidée du roi, elle servait 300 pauvres ; elle entendait ensuite 5 ou 6 messes privées avant la Messe solennelle. Tel était le programme de l'Avent et du Carême. Le reste de l'année, ces exercices se réduisaient, mais les pauvres n'étaient jamais négligés ; elle en servait toujours 24 avant son déjeuner ; elle se dépouillait pour eux et, lorsque sa bourse était vide, elle prenait au roi quelques pièces d'or ; mais il ne s'en fâchait pas.
On a du mal à croire à un tel rythme liturgique. Mais ce doit être vrai, car son historien ne signale pas de miracles, alors que l'historiographie n'est généralement pas avare de faits merveilleux, surtout quand il s'agit d'une reine.
Le roi étant alors parti en expédition contre Guillaume le Roux, le 13 novembre 1093, elle dit qu'un grand malheur était arrivé au royaume d'Écosse ; on apprit, en effet, que le roi avait été tué ce jour-là, en même temps que son fils aîné. Sachant que ses derniers moments étaient arrivés, Marguerite se leva pour assister à la Messe et recevoir le viatique, puis se recoucha ; elle se fit apporter une croix qu'elle vénérait beaucoup et la baisa. Comme un de ses fils, sans doute Edgard, hésitait à lui annoncer la mort du roi, elle dit qu'elle savait tout, et rendit grâces de ce qu'elle considérait comme la punition de ses péchés. Elle avait commencé la prière "Domine Jesu Christe, fili Dei vivi...", lorsqu'elle s'arrêta après les mots "libera me" ; le Seigneur l'avait exaucée. C'était le 16 novembre. Son visage, qui avait pâli auparavant, reprit sa couleur naturelle. Marguerite fut ensevelie dans l'église de la Sainte-Trinité, à Dunfermline, où le corps de Malcolm fut apporté plus tard.
(D'après Cathotextes)