Voici la fin de l'homélie de Benoît XVI lors de la messe de la Pentecôte, qui est en quelque sorte la suite du début de sa méditation avant la procession aux flambeaux à Fatima.
Le feu de Dieu, le feu de l'Esprit Saint, est celui du buisson ardent (cf. Ex 03:02). C'est une flamme qui brûle mais ne détruit pas, et qui au contraire, en éclatant, fait émerger la partie la meilleure et la plus vraie de homme, comme en une fusion, révèle sa forme intérieure, sa vocation à la vérité et l'amour.
Nous avons déjà observé que la flamme de l'Esprit Saint brille mais ne brûle pas. Et pourtant, elle opère un changement, et doit donc consumer quelque chose dans l'homme, les scories qui le corrompent et font obstacle à sa relation avec Dieu et avec son prochain. Cependant cet effet du feu divin nous effraie, nous avons peur d'être « brûlé », préférant rester comme nous sommes. C'est parce que souvent, nos vies sont établies selon la logique de l'avoir, de la possession et de ne pas se donner. Beaucoup de gens croient en Dieu et admirent la figure de Jésus-Christ, mais quand on leur demande de perdre quelque chose d'eux-mêmes, alors ils reculent, ils ont peur des exigences de la foi.
Il y a la peur de devoir renoncer à quelque chose de beau, auquel nous sommes attachés, la peur que suivre le Christ nous prive de la liberté, de certaines expériences, d'une partie de nous-mêmes. D'un côté nous voulons être avec Jésus, le suivre de près, d'un autre nous avons peur des conséquences que cela entraîne.
Chers frères et sœurs, nous avons toujours besoin de nous entendre dire ce que le Seigneur Jésus rappelait souvent à ses amis: "N'ayez pas peur". Comme Simon Pierre et les autres, il nous faut laisser sa présence et sa grâce transformer notre cœur, toujours sujet aux faiblesses humaines. Nous devons savoir reconnaître que perdre quelque chose, y compris soi-même pour le vrai Dieu, le Dieu d'amour et de vie, c'est en fait gagner, et se retrouver plus pleinement.
Celui qui se confie au Christ expérimente déjà dans cette vie la joie et la paix du cœur, que le monde ne peut donner, et ne peut pas nous enlever dès lors que Dieu nous en a fait don. Cela vaut donc la peine de se laisser toucher par le feu du Saint-Esprit! La douleur que cela nous cause est nécessaire à notre transformation. C'est la réalité de la croix: ce n'est pas pour rien que dans le langage de Jésus, le feu est avant tout une représentation du mystère de la croix, sans lequel il n'y a pas de christianisme.
Par conséquent, éclairé et consolé par ces paroles de vie, élevons notre invocation: Viens, Esprit Saint! Allume en nous le feu de ton amour! Nous savons qu'il s'agit d'une prière audacieuse, avec laquelle nous demandons à être touchés par la flamme de Dieu, mais nous savons que cette flamme - et elle seule - a le pouvoir de nous sauver. Nous ne voulons pas, pour défendre notre vie, perdre la vie éternelle que Dieu veut nous donner. Nous avons besoin du feu de l'Esprit Saint, parce que seul l'amour rachète. Amen.