Je m'étonnais que la semaine dernière Benoît XVI ait longuement évoqué la vie de saint Bonaventure sans presque parler de sa doctrine. C'est qu'il n'allait pas se contenter d'une seule catéchèse sur son théologien de cœur. J'aurais dû m'en douter.
Au cours de cette deuxième catéchèse sur saint Bonaventure, le pape a parlé notamment de la façon dont le théologien a dû répondre aux théories de Joachim de Flore. Et il remarqua ensuite que cet « utopisme spiritualiste » se répète :
« Nous savons, en effet, qu'après le Concile Vatican II certains étaient convaincus que tout était nouveau, qu'il y avait une autre Eglise, que l'Eglise pré-conciliaire était finie et que nous en aurions eu une autre, totalement « autre ». Un utopisme anarchique ! Et grâce à Dieu, les sages timoniers de la barque de Pierre, le Pape Paul VI et le Pape Jean-Paul II, d'une part ont défendu la nouveauté du Concile et, de l'autre, ils ont en même temps défendu l'unicité et la continuité de l'Eglise, qui est toujours une Eglise de pécheurs et toujours un lieu de grâce. »
Et voici la fin de la catéchèse, où Benoît XVI évoque le « chef-d'œuvre » de saint Bonaventure, l'Itinerarium mentis in Deum (Itinéraire de l'esprit en Dieu) :
« Les dernières paroles de l'Itinerarium de saint Bonaventure, qui répondent à la question sur la manière dont on peut atteindre cette communion mystique avec Dieu, devraient descendre profondément dans nos cœurs : « Si à présent tu soupires de savoir comment cela peut advenir (la communion mystique avec Dieu), interroge la grâce, non la doctrine ; le désir, non l'intellect ; le murmure de la prière, non l'étude des lettres ; l'époux, non le maître ; Dieu, non l'homme ; la ténèbre, non la clarté ; non la lumière, mais le feu qui tout enflamme et transporte en Dieu avec les fortes onctions et les très ardentes affections... Entrons donc dans la ténèbre, étouffons les angoisses, les passions et les fantômes ; passons avec le Christ crucifié de ce monde au Père, afin qu'après l'avoir vu, nous disions avec Philippe : cela me suffit » (ibid., VII, 6). »
Chers frères et sœurs, accueillons l'invitation qui nous est adressée par saint Bonaventure, le Docteur Séraphique, et mettons-nous à l'école du Maître divin : écoutons sa Parole de vie et de vérité, qui résonne dans l'intimité de notre âme. Purifions nos pensées et nos actions, afin qu'Il puisse habiter en nous et que nous puissions entendre sa Voix divine, qui nous attire vers la vraie félicité. »