La canonisation des sept fondateurs de l'ordre des Servites est semble-t-il unique dans l'histoire de l'Eglise, en tout cas depuis qu'il y a des règles strictes de canonisation. Ils ont en effet été canonisés ensemble, comme un seul homme, ce qui n'avait été jusque-là le cas que pour des martyrs (dont la mort seule suffit à montrer l'héroïcité des vertus).
Lorsque les servites voulurent obtenir la canonisation de leurs fondateurs, au XVIIIe siècle, et incitèrent les fidèles à demander, aux sept ensemble, des miracles pour faire aboutir la cause, le promoteur de la foi objecta qu'ils n'étaient pas forcément tous saints et qu'il ne convenait pas de demander des miracles attestant d'une sainteté collective. Il y eut une discussion chez les cardinaux, qui se montrèrent divisés. Benoît XIV trancha qu'il fallait en savoir davantage sur l'héroïcité des vertus de chacun d'entre eux.
Or cela était impossible, car pour la quasi totalité d'entre eux, individuellement, on ne savait quasiment rien en dehors de leurs noms. Le seul dont on sache quelque chose de personnel étant Alexis Falconieri (le seul qui refusa d'être prêtre - il était aussi l'oncle de sainte Julienne Falconieri), mort à l'âge de 110 ans.
Les servites revinrent à la charge au XIXe siècle, et le dossier fut de nouveau examiné, et rejeté en 1878.
Mais, en 1884, quatre miracles attribués au groupe furent approuvés. Et le 15 janvier 1888, Léon XIII le canonisait.