Le feu matériel appliqué au bois commence par le dessécher, il en expulse l'humidité et lui fait pleurer toute se sève. C'est alors qu'il commence par le rendre peu à peu noir, obscur, vilain, il lui fait répandre même une mauvaise odeur ; il le dessèche insensiblement, il en tire tous les éléments grossiers et cachés qui sont opposés à l'action du feu. Finalement, quand il commence à l'enflammer à l'extérieur et à l'échauffer, il le transforme en lui-même et le rend aussi brillant que le feu. En cet état, le bois a déjà en lui les propriétés et les forces actives du feu. Il est sec et il dessèche ; il est chaud et il réchauffe ; il est lumineux et il répand sa clarté ; il est beaucoup plus léger qu'avant, et c'est le feu qui lui a communiqué ces propriétés et ses effets. (...)
Nous devons raisonner de la même manière avec ce feu divin d 'amour de contemplation qui, avant de s'unir à l'âme et de la transformer en soi, la purifie d'abord de tous ses éléments contraires. Il en fait sortir toutes ses souillures, li la rend noire, obscure ; aussi apparaît-elle pire qu'avant, beaucoup plus laide et abominable qu'avant. Il lui semble évident que, non seulement elle est indigne du regard de Dieu mais qu'elle mérite qu'il l'ait en horreur. (...)
Si le bois s'enflamme plus ou moins vite, selon qu'il est plus ou moins disposé à recevoir le feu, l'âme, de son côté, s'embrase de plus en plus d'amour au fur et à mesure qu'elle se dépouille et se purifie par le moyen de ce feu d'amour.
(La nuit obscure)
Commentaires
merci de nous avoir fait découvrir ce magnifique texte de circonstance ... qu'on peut méditer tout à loisir devant un feu de cheminée ...