Nox atra rerum contegit
Terræ colores omnium :
Nos confitentes poscimus
Te, iuste iudex cordium :
Ut auferas piacula,
Sordesque mentis abluas :
Donesque, Christe, gratiam
Ut arceantur crimina.
Mens ecce torpet impia,
Quam culpa mordet noxia :
Obscura gestit tollere
Et te, Redemptor, quærere.
Repelle tu caliginem
Intrinsecus quam maxime,
Ut in beato gaudeat
Se collocari lumine.
Præsta Pater piissime,
Patrique compar Unice,
Cum Spiritu Paraclito,
Regnans per omne sæculum. Amen.
De toutes les couleurs que distinguait la vue,
L'obscure nuit n'a fait qu'une couleur :
Juste Juge des cœurs, notre ardeur assidue
Demande ici tes yeux et ta faveur.
Qu'ainsi, prompt à guérir nos mortelles blessures,
Ton feu divin dans nos cœurs répandu,
Consume pour jamais leurs passions impures,
Pour n'y laisser que l'amour qui t'est dû.
Effrayés des péchés dont le poids les accable,
Tes serviteurs voudraient se relever :
Ils implorent, Seigneur, ta bonté secourable,
Et dans ton sang cherchent à se laver.
Seconde leurs efforts, dissipe l'ombre noire,
Qui dès longtemps les tient enveloppés ;
Et que l'heureux séjour d'une immortelle gloire
Soit l'objet seul de leurs cœurs détrompés.
Exauce, Père saint, notre ardente prière,
Verbe son Fils, Esprit leur nœud divin,
Dieu qui, tout éclatant de ta propre lumière,
Règnes au ciel sans principe et sans fin.
(Hymne des matines du jeudi, « traduction » de Jean Racine)