Telluris ingens conditor,
Mundi solum qui eruens,
Pulsis aquæ molestiis,
Terram dedisti immobilem :
Ut germen aptum proferens,
Fulvis decora floribus,
Fecunda fructu sisteret
Pastumque gratum redderet,
Mentis perustæ vulnera
Munda virore gratiæ :
Ut facta fletu diluat
Motusque pravos atterat,
Jussis tuis obtemperet :
Nullis malis approximet,
Bonis repleri gaudeat
Et mortis actum nesciat.
Præsta, Pater piissime,
Patrique compar Unice,
Cum Spiritu Paraclito
Regnans per omne sæculum. Amen.
Toi qui créas la terre, et qui l'as enrichie
Par l'ordre fécond de ta voix,
Des eaux qui la couvraient toi qui l'as affranchie,
Pour la rendre immobile et ferme sur son poids ;
Toi qui lui fis tirer du sein de la nature
Le germe des fleurs et des fruits,
Et nous daignas ensuite offrir pour nourriture
Les herbes et les grains de ce germe produits ;
Daigne guérir, Seigneur, ce qu'une indigne flamme
Forme d'ulcères en nos cœurs,
Fais renaître ta grâce au milieu de notre âme,
Pour noyer nos péchés dans un torrent de pleurs.
Que cette âme avec joie à tes lois obéisse,
Sans s'échapper vers rien de mal ;
Qu'elle-même par toi de tous biens se remplisse,
Et n'y mêle jamais aucun poison fatal.
Que le Père et le Fils accordent cette grâce
A l'humble ferveur de nos vœux,
Eux qui règnent sans fin en cet immense espace
Où règne l'Esprit Saint, qui n'est qu'un avec eux.
(Hymne des vêpres du mardi, de saint Grégoire le Grand, traduction Pierre Corneille.)