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Le pitoyable cirque de la présidentielle afghane

Pour la seconde fois en moins d'une semaine, la Commission des plaintes électorales (ECC) a changé les règles de recomptage des voix du premier tour de l'élection présidentielle du 20 août en Afghanistan (il y a plus de sept semaines) pour revenir à une procédure favorisant le chef de l'Etat sortant.

Tous les détails de la sordide cuisine dans cette dépêche de Reuters.

Pour la seconde fois en moins d'une semaine, la Commission des plaintes électorales (ECC) a changé les règles de recomptage des voix du premier tour de l'élection présidentielle du 20 août en Afghanistan pour revenir à une procédure favorisant le chef de l'Etat sortant.

Autre signe de confusion: l'un des deux membres afghans de cette juridiction a brutalement rendu son tablier. Considéré par des diplomates comme un partisan de Hamid Karzaï, il a fait savoir que les membres de l'ECC avaient été la cible d'ingérences étrangères.

Les changements annoncés par la commission le sont quelques jours seulement avant que cette instance ne rende les conclusions de son enquête sur des fraudes qui, in fine, détermineront si le président sortant l'a emporté dès le premier tour ou bien si un second tour est nécessaire face à son challenger, le dr Abdullah Abdullah.

Aux termes du nouveau règlement, la commission ne prendra pas en compte lequel des candidats a, à ses yeux, bénéficié le plus d'irrégularités.

Ces changements, censés rectifier une "erreur", signifient un retour dans les faits aux règles annoncées la semaine dernière et qui avaient été modifiées quelques jours plus tard après s'être vues reprocher de protéger le candidat sortant.

Selon les résultats préliminaires, Hamid Karzaï a remporté 54,6% des voix.

Pour ordonner la tenue d'un second tour, la commission aurait dû conclure que la fraude a joué massivement en faveur d'un seul candidat aux dépens des autres, rabaissant son score à moins de 50%.

Conformément aux nouvelles règles, la commission a divisé les suffrages sujets à caution en six catégories selon la raison expliquant leur caractère douteux. Elle invalidera la même proportion de bulletins pour chaque candidat de chaque catégorie.

"INGÉRENCES ÉTRANGÈRES"

Mercredi, l'ECC avait dit qu'elle calculerait un pourcentage de fraude différent pour chaque candidat de manière à ce que ceux qui ont bénéficié le plus des irrégularités soient plus sanctionnés.

Cela aurait permis de conclure plus facilement que les partisans du chef de l'Etat sortant ont commis plus de fautes que ceux de ses rivaux, entraînant un second tour.

"Nous avons mal interprété les choses: nous pensions être ainsi plus précis, mais ce n'est pas ce qui est arrivé dans les faits", a admis le président, nommé par l'Onu, de l'ECC, le Canadien Grant Kippen, à propos des nouvelles modifications.

Cette instance joue le rôle d'arbitre, en dernier ressort, sur les fraudes qui ont entaché le scrutin afghan. Les pays occidentaux comptent sur elle pour déboucher sur un résultat que les Afghans accepteront comme équitable.

L'ECC a déjà conclu à l'existence de "preuves claires et convaincantes de fraude" lors de cette élection censée stabiliser politiquement un pays miné par à une insurrection des taliban ayant le vent en poupe.

Trois de ses cinq membres sont nommés par les Nations unies, les deux autres étant des Afghans.

Mustafa Barakzai, nommé par le président de la Cour suprême afghane, a démissionné de ses fonctions en évoquant des ingérences étrangères sur la commission.

"Lorsqu'on m'a prouvé l'existence d'interférences, j'ai décidé de rendre mon mandat. S'il n'y avait eu d'ingérence, (l'annonce du résultat final) n'aurait pas été retardée", a-t-il fait valoir lors d'une conférence de presse, reprenant à son compte des accusations du président sortant selon lesquelles le ralentissement du processus électoral est imputable à l'étranger.

Grant Kippen a, quant à lui, réfuté ces accusations. "Je ne comprends pas à quoi il fait allusion en parlant d'ingérences étrangères", a-t-il dit.

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