Le pape Benoît XVI a invité le patriarche de l'Eglise Tewahedo d'Ethiopie à participer au synode sur l'Afrique. Voici la fin de l'exposé du patriarche, et un extrait de la réponse de Benoît XVI. (Tewahedo se traduit en grec par miaphysite, par distinction de monophysite. Mia veut dire "une", mono veut dire "seule", "unique". L'Eglise d'Ethiopie rejette l'accusation de monophysisme (une seule nature dans le Christ) et entend rester fidèle à l'enseignement de saint Athanase sur « une nature » divino-humaine. On constate que le patriarche loue l'action de l'Eglise catholique mais ne prononce pas un mot d'œcuménisme à proprement parler, contrairement au pape. Or il faut être deux pour faire l'unité...)
La fin de l'intervention du patriarche Paulus
On attend en effet des chrétiens qu'ils soient des messagers du changement et qu'ils apportent la justice, la paix, la réconciliation et le développement. C'est ce que j'ai vu faire avec détermination et humilité par la communauté Sant'Egidio dans toute l'Afrique: des fruits de paix et de guérison, qui sapent toute forme de violence avec la force et la compréhension chrétienne de l'amour, sont possibles. Les responsables religieux africains ne doivent pas seulement s'occuper de travail social, mais doivent également répondre aux importants besoins spirituels des femmes et des hommes d'Afrique.
L'apostolat et le travail social ne peuvent pas être envisagés séparément. Le travail social est le sens de l'apostolat. Chaque mot doit être mis en pratique. Ainsi, après chaque mot et chaque promesse, des actions pratiques doivent être suivies. Les pères religieux doivent aussi améliorer la conscience du peuple pour rendre honneur à la vie, à la paix et à la justice. La société a besoin des enseignements de ses pères religieux de façon à pouvoir les aider à résoudre leurs problèmes dans l'unité et ainsi à les libérer. Les chefs des Églises africaines doivent donc, avec la force de Dieu Tout-Puissant et du Saint-Esprit, exprimer le langage de l'Église. Il faut également comprendre quand, comment et à qui parler.
Je suis très heureux de participer à ce Synode de l'Église catholique en Afrique. Je suis africain. Mon Église est la plus vieille Église d'Afrique: une Église de martyrs, de saints et de moines.
J'apporte mon soutien en tant qu'ami et frère à cet effort de l'Église catholique en Afrique. Je remercie encore une fois Sa Sainteté pour son invitation et je lui souhaite une longue vie et un ministère fécond.
Puisse l'Évangile de Jésus parler à travers nous au cœur des Africains afin que Jésus revienne en Afrique, comme il le fit enfant avec la Vierge Marie. Et que la paix, la miséricorde et la justice reviennent avec lui!
Que Dieu bénisse les Églises d'Afrique et leurs pasteurs! Amen!
Extrait de la réponse du pape
Votre présence porte le témoignage éloquent des riches et antiques traditions de l'Église en Afrique. Depuis les temps apostoliques, parmi les nombreux peuples désirant ardemment écouter le message de salut du Christ se trouvaient ceux provenant d'Éthiopie (cf. Ac 8, 26-40). La fidélité de votre peuple à l'Évangile continue à être montrée non seulement par son obéissance à la loi de l'amour mais également, comme vous nous l'avez rappelé, par la persévérance dans la persécution et par le sacrifice suprême du martyr au nom du Christ.
Votre Sainteté a rappelé que la proclamation de l'Évangile ne peut être séparée de l'engagement à bâtir une société conforme à la volonté de Dieu, qui respecte les bénédictions de sa création et protège la dignité et l'innocence de tous ses enfants. Dans le Christ, nous savons que la réconciliation est possible, que la justice peut prévaloir et que la paix peut durer! Tel est le message d'espérance que nous sommes appelés à proclamer. Telle est la promesse que le peuple d'Afrique aspire à réaliser de nos jours.
Prions donc afin que nos Églises puissent se rapprocher dans l'unité qui est le don de l'Esprit Saint et rendre un témoignage commun de l'espérance apportée par l'Évangile. Continuons à œuvrer en faveur du développement intégral de tous les peuples d'Afrique, en renforçant les familles qui constituent le rempart de la société africaine, en éduquant les jeunes qui sont l'avenir de l'Afrique et en contribuant à la construction de sociétés caractérisées par l'honnêteté, l'intégrité et la solidarité.