Nous avons besoin d'un médiateur pour aller au grand Médiateur, et nous ne saurions en trouver de plus efficace que Marie. Médiatrice, Ève le fut également, mais médiatrice de malheur, puisque c'est par son intermédiaire que l'antique serpent put inoculer à l'homme son venin pestilentiel. Marie, au contraire, est une médiatrice fidèle, qui apporte aux hommes comme aux femmes l'antidote du salut. L'une fut l'instrument de la séduction ; l'autre l'est de l'apaisement. La première fut l'instigatrice de la transgression, la seconde inaugure la rédemption. Pourquoi l'humaine faiblesse craindrait-elle d'approcher Marie ? Il n'y a en elle rien de dur ou d'effrayant ; toute douceur, elle offre à tous le lait et la laine. Repassez dans votre mémoire tout le cours de l'histoire évangélique; si vous trouvez en Marie le moindre signe d'acrimonie, de dureté ou de colère, vous pourrez vous défier d'elle et redouter son approche. Si au contraire - et c'est ce qui ne peut manquer de se produire - vous ne voyez dans tout ce qu'elle fait que bonté et grâce, douceur et compassion, remerciez la Providence de vous avoir donné, dans sa pitié infinie une médiatrice de qui vous n'avez rien à craindre. Elle s'est faite toute à tous, et dans l'excès de sa charité, elle a voulu être la débitrice des sages et des insensés. Elle ouvre à tous le sein de sa miséricorde, afin que tous participent de sa plénitude ; le captif y trouvera sa délivrance, le malade sa guérison, l'affligé sa consolation, le pécheur son pardon ; le juste y puisera la grâce, l'ange la joie, la Trinité entière y trouvera la gloire et le Fils une chair humaine. Ainsi, personne ne sera privé de sa chaleur.
(sermon pour le dimanche dans l'octave de l'Assomption)