Veux-tu connaître la puissance du sang de Jésus-Christ? Revenons à la figure qui l'annonce, aux événements anciens qui se passèrent en Égypte, et que raconte l'Écriture. A cette époque Dieu a voulu envoyer la dixième plaie aux Égyptiens et frapper, la nuit, tous les premiers-nés, vers minuit, parce qu'on retenait par force son premier-né, le peuple élu. Pour ne pas frapper le peuple juif en même temps que les Egyptiens - les deux habitant le même pays - il donna un signe distinctif, un signe merveilleux pour que tu discernes la puissance de la vérité signifiée. Déjà la colère de Dieu menace et l'on redoute l'ange exterminateur qui doit visiter, toute demeure. C'est à ce moment que Moïse donne l'ordre: «Immolez un agneau d'un an, sans défaut, et de son sang marquez vos portes» (Gn 12, 21-25). Comment? Le sang d'un agneau peut-il sauver des hommes doués de raison? Certainement pas en tant qu'il est du sang, mais parce qu'il figure le sang du Maître. (...) L'ange exterminateur en voyant le sang de l'agneau sur les portes passait et n'osait pas entrer, à plus forte raison l'ennemi se tiendra-t-il à distance, en apercevant, non le sang de l'agneau aux linteaux des portes, mais le sang véritable du Christ aux lèvres des fidèles, aux portes des temples vivants de Dieu? Si l'ange craignait déjà la figure, à plus forte raison le démon fuit-il la réalité!
Veux-tu connaître encore mieux la puissance du sang du Christ? Souviens-toi de son origine. Il a coulé du côté du Maître en croix. La lance du soldat ouvrit le côté et brisa le mur du temple saint. Voici, j'y ai trouvé un trésor de grâce. Et je me réjouis d'y découvrir d'admirables richesses.
Il en fut de même de l'agneau pascal. Les Juifs immolaient l'agneau, et nous, nous avons cueilli le fruit de la figure: «Du côté coula du sang et de l'eau» (Jn 19, 34). Ne passe pas à côté de cet épisode, riche de significations, et considère un autre mystère qui s'y cache. J'ai dit: l'eau et le sang sont les symboles du baptême et de l'eucharistie. Dans les deux sacrements, le bain de la nouvelle naissance et le mystère eucharistique qui tirent leur origine du côté transpercé du Christ, est fondée l'Église. De son côté ouvert Jésus a bâti l'Église, comme Ève a tiré son origine du côté d'Adam. Voilà pourquoi Paul a pu écrire: «Nous sommes de sa chair et de ses os» (Ep 5, 30; cf. Gn 2, 23), en pensant à la plaie du côté: Dieu a pris la côte du flanc d'Adam pour former la femme, le Christ de même nous donne sang et eau de son côté pour former l'Église.
(Saint Jean Chrysostome)