Allocution de Benoît XVI avant le Regina Cæli au Mont Cassin.
Chaque fois que nous célébrons la Sainte Messe, nous sentons retentir dans le cœur les paroles que Jésus, lors de la Dernière Cène, confia aux disciples comme un don précieux : Je vous laisse ma paix, c'est ma paix que je vous donne (Jn 14,27). Combien la communauté chrétienne et l'humanité tout entière a besoin de savourer pleinement la richesse et la puissance de la paix du Christ ! Saint Benoît en a été un grand témoin, parce qu'il l'a accueillie dans son existence et l'a fait fructifier en œuvres d'authentique renouvellement culturel et spirituel. C'est justement pour cela qu'à l'entrée de l'Abbaye du Mont Cassin et de tout autre monastère bénédictin, est placé comme devise le mot PAX : la communauté monastique est en effet appelée à vivre selon cette paix, qui est le don pascal par excellence. Comme vous le savez, lors de mon récent voyage en Terre Sainte, je me suis fait pèlerin de paix, et aujourd'hui - sur cette terre marquée par le charisme bénédictin - l'occasion m'est donnée de souligner encore une fois que la paix est en premier lieu un don de Dieu, et que sa force réside donc dans la prière.
Mais c'est un don confié à l'engagement de l'homme. L'énergie nécessaire pour le réaliser peut aussi s'atteindre par la prière. Il est donc fondamental de cultiver une vie authentique de prière pour assurer le progrès social dans la paix. Encore une fois, l'histoire du monachisme nous enseigne qu'une grande croissance de civilisation se prépare dans l'écoute quotidienne de la Parole de Dieu, qui pousse les croyants à un effort personnel et communautaire de lutte contre toute forme d'égoïsme et d'injustice. Ce n'est qu'en apprenant, avec la grâce de Dieu, à combattre et à vaincre le mal à l'intérieur de soi et dans les relations avec les autres, que l'on devient des constructeurs authentiques de paix et de progrès civil. Que la Vierge Marie, Reine de la Paix, aide tous les chrétiens, dans les différentes vocations et situations de la vie, à être des témoins de la paix que le Christ nous a donnée et nous a laissée comme mission importante à réaliser partout.
Extraits de l'homélie de Benoît XVI aux vêpres à la basilique de l'Abbaye du Mont Cassin
Oui, Benoît fut un exemple lumineux de sainteté et indiqua aux moines le Christ comme unique grand idéal ; il fut un maître de civilisation qui, proposant une vision équilibrée et adéquate des exigences divines et des finalités ultimes de l'homme, eut aussi toujours à l'esprit les nécessités et les raisons du cœur, pour enseigner et susciter une fraternité authentique et constante, pour que dans l'ensemble des rapports sociaux, on ne perde pas de vue une unité d'esprit capable de construire et d'alimenter toujours la paix.
Ce n'est pas un hasard si le mot Pax accueille les pèlerins et les visiteurs aux portes de cette abbaye, reconstruite après l'effroyable désastre du deuxième conflit mondial. Elle s'élève comme un avertissement silencieux à rejeter toute forme de violence pour construire la paix : dans les familles, dans les communautés, entre les peuples et dans l'humanité tout entière.
Grâce à l'activité des monastères, articulée dans le triple engagement quotidien de la prière, de l'étude et du travail, des peuples entiers du continent ont connu une délivrance authentique et un développement moral, spirituel et culturel bénéfique, s'éduquant au sens de la continuité avec le passé, à l'action concrète pour le bien commun, à l'ouverture vers Dieu et à la dimension transcendante.
Prions pour que l'Europe sache toujours valoriser ce patrimoine de principes et d'idéaux chrétiens qui constitue une immense richesse culturelle et spirituelle.