Les faussaires antichrétiens Prieur et Mordillat qui ont encore sévi sur Arte ont trouvé une belle phrase pour illustrer leur propos :
« Jésus annonçait le royaume, et c'est l'Eglise qui est venue. »
Cette phrase de Loisy est souvent citée par les contempteurs de l'Eglise. Or, bien qu'elle soit du maître du modernisme, il s'agit d'une proposition qui est condamnée par Loisy. Merci à Koztoujours de nous donner la page dont elle est frauduleusement extraite :
« Reprocher à l'Eglise catholique tout le développement de sa constitution, c'est donc lui reprocher d'avoir vécu, ce qui pourtant ne laissait pas d'être indispensable à l'Evangile même. Nulle part, dans son histoire, il n'y a solution de continuité, création absolue d'un régime nouveau; mais chaque progrès se déduit de ce qui a précédé, de telle sorte que l'on peut remonter du régime actuel de la papauté jusqu'au régime évangélique de Jésus, si différents qu'ils soient l'un de l'autre, sans rencontrer de révolution qui ait changé avec violence le gouvernement de la société chrétienne. En même temps, chaque progrès s'explique par une nécessité de fait qui s'accompagne de nécessités logiques, en sorte que l'historien ne peut pas dire que l'ensemble de ce mouvement soit en dehors de l'Evangile. Le fait est qu'il en procède et qu'il le continue.
« Des objections qui peuvent sembler très graves, au point de vue d'une certaine théologie, n'ont presque pas de signification pour l'historien. Il est certain, par exemple, que Jésus n'avait pas réglé d'avance la constitution de l'Eglise comme celle d'un gouvernement établi sur la terre et destiné à s'y perpétuer pendant une longue série de siècles. Mais il y a quelque chose de bien plus étranger à sa pensée et à son enseignement authentique, c'est l'idée d'une société invisible, formée à perpétuité par ceux qui auraient foi dans leur coeur à la bonté de Dieu. On a vu que l'Evangile de Jésus avait déjà un rudiment d'organisation sociale, et que le royaume aussi devait avoir une forme de société. Jésus annonçait le royaume, et c'est l'Eglise qui est venue. Elle est venue en élargissant la forme de l'Evangile, qui était impossible à garder telle quelle, dès que le ministère de Jésus eut été clos par la passion. Il n'est aucune institution sur la terre ni dans l'histoire des hommes dont on ne puisse contester la légitimité et la valeur, si l'on pose en principe que rien n'a droit d'être que dans son état originel. Ce principe est contraire à la loi de la vie, laquelle est un mouvement et un effort continuel d'adaptation à des conditions perpétuellement variables et nouvelles. Le christianisme n'a pas échappé à cette loi, et il ne faut pas le blâmer de s'y être soumis. Il ne pouvait pas faire autrement. »