Extrait du discours que le pape Benoît XVI a adressé hier aux malades au Centre national Cardinal Léger de réhabilitation des handicapés à Yaoundé.
Face aux tourments, nous nous sentons démunis et nous ne trouvons pas les mots justes. Devant un frère ou une sœur plongé dans le mystère de la Croix, le silence respectueux et compatissant, notre présence habitée par la prière, un geste de tendresse et de réconfort, un regard, un sourire, en font plus parfois que bien des discours. Cette expérience a été vécue par un petit groupe d'hommes et de femmes, dont la Vierge Marie et l'Apôtre Jean, qui ont suivi Jésus au cœur de sa souffrance lors de sa passion et de sa mort sur la Croix. Parmi eux, nous rapporte l'Évangile, se trouvait un Africain, Simon de Cyrène. Il fut chargé d'aider Jésus à porter sa Croix sur le chemin du Golgotha. Cet homme, bien involontairement, est venu en aide à l'Homme des douleurs, abandonné par tous les siens et livré à une violence aveugle. L'histoire rapporte donc qu'un Africain, un fils de votre continent, a participé, au prix de sa propre souffrance, à la peine infinie de Celui qui rachetait tous les hommes, y compris ses bourreaux. Simon de Cyrène ne pouvait pas savoir qu'il avait son Sauveur devant les yeux. Il a été « réquisitionné » pour l'aider (cf. Mc 15, 21) ; il a été contraint, forcé à le faire. Il est difficile d'accepter de porter la croix d'un autre. Ce n'est qu'après la résurrection qu'il a pu comprendre ce qu'il avait fait. Ainsi en va-t-il de chacun de nous, frères et sœurs : au cœur de la détresse, de la révolte, le Christ nous propose sa présence aimante même si nous avons du mal à comprendre qu'Il est à nos côtés. Seule la victoire finale du Seigneur nous dévoilera le sens définitif de nos épreuves.
Ne peut-on pas dire que tout Africain est en quelque sorte membre de la famille de Simon de Cyrène ? Tout Africain et tout homme qui souffrent, aident le Christ à porter sa Croix et montent avec lui au Golgotha pour ressusciter un jour avec lui. En voyant l'infamie dont Jésus est l'objet, en contemplant son visage sur la Croix, et en reconnaissant l'atrocité de sa douleur, nous pouvons entrevoir, par la foi, le visage rayonnant du Ressuscité qui nous dit que la souffrance et la maladie n'auront pas le dernier mot dans nos vies humaines. Je prie, chers frères et sœurs, pour que vous sachiez vous reconnaître dans ce 'Simon de Cyrène'. Je prie, chers frères et sœurs malades, pour que beaucoup de 'Simon de Cyrène' viennent aussi à votre chevet.
Commentaires
Quelle émotion - une nouvelle fois - à la lecture d'un discours de Benoit XVI.
Quelle profondeur, quelle limpidité dans le regard porté sur le Christ. Et pendant ce temps, le monde s'acharne sur notre pauvre et humble Pape sans rien en connaître.