Cinq jours après le martyre de la vierge Emérentienne, les parents de la sainte et courageuse Agnès étaient venus, à la nuit, prier et pleurer sur son sépulcre. C'était le huitième jour depuis son martyre. Ils repassaient dans leur douleur les circonstances de cette mort cruelle qui lui avait mérité la palme, en l'enlevant à leur amour. Tout à coup, Agnès leur apparaît, couronnée et radieuse, au milieu d'une troupe de vierges éblouissantes de beauté et de lumière. A côté d'elle, à sa droite, était un agneau d'une blancheur éclatante, sous les traits duquel se manifestait le divin amant d'Agnès.
La Vierge triomphante se tourne avec tendresse vers ses parents et leur dit: « Ne pleurez plus ma mort; félicitez-moi plutôt de l'heureuse société qui m'environne. Sachez que je vis maintenant dans le ciel auprès de Celui qui, sur la terre, a eu tout mon amour.»
En mémoire de cette glorieuse apparition, la sainte Eglise revient encore aujourd'hui sur la douce mémoire d'Agnès; et cette fête s'appelle Sainte Agnès pour la seconde fois: Sanctae Agnetis secundo. Prions la tendre amante de l'Agneau sans tache de se souvenir de nous auprès de lui, et de nous présenter à ce divin Sauveur, en attendant qu'il nous soit donné de le posséder sans nuages au séjour de sa gloire. Unissons-nous à la sainte Eglise, et chantons avec elle aujourd'hui:
Ant. A sa droite, un agneau plus blanc que la neige, le Christ, apparut, qui la consacrait comme son Epouse et sa Martyre.
V/. Dans ton éclat et ta beauté, ô Vierge !
R/. Avance, marche à la victoire, et saisis la couronne.
(Dom Guéranger)